Maïwenn wrote:J'ai oublié set : c'est une plante à repiquer
Petite parenthèse, set est le mot le plus polysémique de la langue anglaise. On peut faire ça ? mettre polysémique au comparatif ?
L'insupportable
Grammaire méthodique du français de Riegel-Pellat-Rioul (en abrégé la RPR

), parlant à peu près français pour une fois, dit ceci (p.361), à propos des degrés d'intensité et de comparaison :
Les adjectifs dont le contenu ne peut pas être évalué selon une échelle orientée n'admettent pas la variation en degré. Ce sont principalement :
- les adjectifs relationnels : *un centre très équestre, *une carte plus géologique
- des adjectifs exprimant une qualité non soumise à variation : carré, circulaire, enceinte
- des adjectifs dont le sens intègre déjà une notion d'intensité (généralement forte) ou de comparaison : majeur, mineur (qui proviennent de comparatifs latins), aîné, cadet, double, excessif, premier, dernier, principal, triple, unique, ultérieur, ultime, perpétuel, etc.
Je pense que c'est ce dernier point qui te chiffonait, Maïwenn ? Est-ce qu'on peut mettre "polysémique" à un degré de comparaison ou d'intensité alors qu'il intégre déjà un élément de numération "poly-"...
Disons que personnellement, ça ne me choque pas.
Il est vrai que si l'on voulait vraiment se prendre la tête (je suis étonné de la simplicité de la RPR sur ce ce point ; faut vite qu'un thésard de linguistique ponde un ouvrage sur le sujet, d'un point de vue chomskyo-varghjsketsvien ou néo-pragmatico-situationaliste, parce que là, y'a danger : un étudiant pourrait comprendre - je ferme ma parenthèse). Donc, si l'on voulait se prendre la tête, on pourrait toujours relever que :
a) "Polysémique" peut être considéré comme un adjectif numérateur. Or, en application des théories RPR, les adjectifs numérateurs ne peuvent supporter la comparaison. On ne peut pas dire "très multiple", ou "le plus double". La différence, c'est que "multiple" ou "double" font expressément référence à une seconde valeur, autre que le terme qualifié, qu'elle soit connue (un double salto = deux saltos... salti ? M'en fiche

) ou inconnue ("une prise multiple" = x fois une prise), mais en tout cas considérée comme fixe. Alors que dans "polysémique" l'élément numérateur est par nature flottant ("un terme polysémique" possède x sens, de 2 à plus l'infini).
b) Qu'un mot "très polysémique" est tout autant "polysémique" qu'on mot "moins polysémique". Donc, si j'étais pédant, je dirais que l'intensification du point de vue sémantique se fait de manière non-exclusive : "A au superlatif" contient toujours la propriété A. Pierre est plus grand que Jean, mais je peux toujours dire que Jean est grand, les deux propositions ne sont pas contradictoires. Alors que si je dis que j'ai à gauche une prise simple, au milieu une prise double et à droite une prise triple, "triple" exclut "double" qui exclut "simple", dans ce cas, l'intensification se fait de manière exclusive.

Est-ce que vous avez compris quelque chose ? Oui ?

Oh bin zut alors, je pourrai pas en faire une thèse...
Remarque, Maï, si vraiment ça te turlupine, sache qu'en grec le comparatif de "polus" est "pléon" et le superlatif "pleistos" (

euh... Oui c'est ça. Oulà ! Faut que je révise mes comparatifs irréguliers moi !). Donc, tu peux toujours dire que "slip" est "pléosémique" par rapport au français "bouture" et que c'est le terme "plistosémique" de la langue anglaise !
... Mais là, on tombe dans la cuistrerie.
Merci pour les réponses...