Linguistique comparative-aide, svp

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Zalatta
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Linguistique comparative-aide, svp

Post by Zalatta »

Coucou tout le monde,
dans mon cours Romance Linguistics je dois faire une dissertation et voilà le sujet: Asses the significance which the Christian Church has had in shaping the pattern of evolution of Romance. En français, ça donne quelque chose comme: Analise l'importance que l'église Chrétienne a eu dans le procesus qui a donné forme au modèle (patron) de l'évolution des langues romaine.
Par où croyez vous que je dois commencer? Je suis completement perdue. En plus, en cours, on a pas du tout parlé de ça donc je ne sais pas du tout où chercher.
En premier, je crois que je ne comprends même pas l'énoncé! Ensuite... je dois parler de l'importance du latin dans l'Église? La seule chose de claire c'est que je dois donner de l'importance au rôle de l'Église dans l'éducation donc... l'importance dans la diffusion écrite... voilà, c'est tout!
Si quelqu'un peut m'éclaircir, ce serait très sympa!
Merci beaucoup,
Zalatta :hello:
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Toirdhealbhách
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Post by Toirdhealbhách »

Mmm, Sisyphe pourra t'en dire plus que moi, mais je peux te conseiller The Romance Languages, édité chez Routledge, ca devrait pouvoir t'aider (même si je ne l'ai pas lu, je suis sûr qu'il t'apportera des éléments.

Je trouve pas tellement que les langues romanes ont évolué d'une facon comparable. On peut dire que la langue écrite a été très importante pour l'évolution du français, d'où son orthographe très conservatrice aujourd'hui.
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tom
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Post by tom »

alors premier élément : les langues romanes et le latin, ce n'est pas du tout équivalent. D'une certaine manière, c'est plutôt l'inverse : les langues romanes se sont détachées progressivement du latin ; si tu axais donc ta dissert' sur "l'Eglise et le latin", tu ferais un contresens (et donc : crac-boum :marto: ). Il faudrait commencer par définir la période considérée, pour voir ce qu'il faut chercher. En gros, les principales évolutions sont les suivantes :
- 6e siècle : le latin évolue et s'éloigne du latin de Cicéron. Les auteurs ecclésiastiques ne s'en rendent pas trop compte, écrivent eux aussi en employant cette langue en pleine évolution, et participent ainsi à transformer le latin en roman.
- vers 800 : renaissance carolingienne, les autorités politiques essaient de restaurer le latin antique. Problème : la population ne suit pas. On a donc une coexistence entre des auteurs lettrés qui, à l'écrit, emploient le latin classique, et le reste de la population qui commence à parler une langue ex-latine, base des langes romanes. C'est à ce moment-là que celles-ci prennent leur autonomie et que le latin, inversement, devient une langue morte.
- la suite de l'histoire ne sera plus qu'une alternance entre résistance de l'Eglise face à ces langues romanes et encouragement (venant aussi, parfois, de l'Eglise) envers ces mêmes langues.

Pourquoi résistance ? parce que le latin, devenu langue difficile, contribuait au prestige du clergé qui le maitrisait ; également parce que c'eétait une des trois langues du monde biblique (avec le grec et l'hébreu), et que ça permettait donc de rester aussi proche que possible de l'univers mental du Christ ; et enfin parce que le latin était la langue des empereurs romains, et que l'Eglise catholique (NB : en français, on met une maj. à "Eglise", une minuscule à "catholique" ou "chrétienne") s'était plus ou moins identifiée à cet empire depuis la conversion de Constantin.

Pourquoi encouragement ? Parce que pour mettre en forme une langue romane (pour lui donner une grammaire, etc.), il faut également être un homme lettré et que par conséquent, c'étaient essentiellement les hommes d'eglise qu étaient en mesure de le faire. Ce n'est donc pas étonnant que parmi les pionniers des langues romanes (Chanson de Roland, Villon, Rabelais... ça dépend quand tu veux t'arrêter), la plupart aient été des moines ou anciens moines. Par ailleurs, le souci d'être compris par les fidèles a incité l'Eglise à promouvoir les langues vernaculaires, et notamment les langues romanes. Mais ça concernait essentiellement la vie de tous les jours : pour une messe dans une autre langue que le latin, il a fallu attendre (du moins en Occident) le concile de Vatican II.

Voilà pour les premiers thèmes qui me viennent en tête ; en matière de bibliographie, en plus du livre (au titre alléchant) indiqué par Toirdhealbhách, tu peux peut-être jeter u coup d'oeil sur :
- Michel Banniard, Genèse culturelle de l'Europe
- Philippe Wolff, les origines linguistiques de l'Europe occidentale, Toulouse, 2e édition 1982.

Si tu y trouves ton bonheur (mais si, mais si, c'est un sujet formidable), tant mieux ; sinon, je me lâcherai un peu et te fournirai d'autres titres :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: :prof: , yark yark.

NB : si tu veux embêter un peu ton prof, tu peux chicaner et signaler que l'expression "Christian Church" est un peu déplacée ici, puisqu'il y a existé plein d'Eglises chrétiennes (grecques, arméniennes, etc.) qui, se trouvant loin de l'univers latin, n'en avaient rien à secouer de cette question (pourtant intéressante). C'est surtout l'Eglise catholique qui est en jeu ici (quoique on pourrait gloser sur la différence d'attitude entre catholiques et protestants à propos de cette question, mais bon).
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Zalatta
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Post by Zalatta »

Merci beaucoup! Alors, si j'ai bien compris, je dois pas me centrer sur le latin sinon sur l'importance de l'Église dans l'évolution des langues romaines.
Ce soir je dois bosser quelques textes de Racine mais je vous tiendrai au courant sur comment ça avance! Merci pour les références, dans la B.U. de ma fac on les a pas mais j'ai quand même réussi à avoir autres bouquins ;)
À bientôt!
Zalatta :hello:
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Sisyphe
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Post by Sisyphe »


Coucou tout le monde,
dans mon cours Romance Linguistics je dois faire une dissertation et voilà le sujet: Asses the significance which the Christian Church has had in shaping the pattern of evolution of Romance. En français, ça donne quelque chose comme: Analise l'importance que l'église Chrétienne a eu dans le procesus qui a donné forme au modèle (patron) de l'évolution des langues romaine.
Par où croyez vous que je dois commencer? Je suis completement perdue. En plus, en cours, on a pas du tout parlé de ça donc je ne sais pas du tout où chercher.
En premier, je crois que je ne comprends même pas l'énoncé! Ensuite... je dois parler de l'importance du latin dans l'Église? La seule chose de claire c'est que je dois donner de l'importance au rôle de l'Église dans l'éducation donc... l'importance dans la diffusion écrite... voilà, c'est tout!
Si quelqu'un peut m'éclaircir, ce serait très sympa!
Merci beaucoup,
:hello: Pardon d'arriver en retard... :confused:

D'abord, deux petites remarques de vocabulaire :

"roman language" se traduit en français par "langues romanes" et non pas *romaine ; c'est un "presque-ami".

pattern : est un de ces mots farouchement intraduisibles dans les publications de linguistique anglaise, pour ne pas dire flou. Voici la note que je m'étais faite :

FEATURE : un fait qui est lié à un autre (articulation, schéma, système)
PATTERN : un fait qui est constitué d'éléments qui s'articulent (sytème, fonctionnemnent, mode de fonctionnement, type) (to pattern ergatively : fonctionner selon un mode ergatif)
EVIDENCE : un fait qui sans être une preuve tend à démontrer ou à induire qqchose (une marque, une trace, un indice, un fait qui va dans ce sens)

*

Malheureusement, je ne suis pas très compétent en matière de langues romanes. Tout ce que je peux te citer comme livre, c'est l'initiation au système de la langue latine, du latin classique aux langues romanes, 1er siècle avant JC - 8e sicèle après JC de P. Bouet, F. Kerlouegan et D. Conso (qui fut ma professeur), Nathan U 1975...
... Avec une biblio dedans. C'est un peu vieux, mais il y a tous les textes importants (serment de strasbourg, gloses de Reichenau, loi salique, voyage d'Ethérie, etc.).

Il y a aussi : E. Bourciez, Eléments de linguistique romane Klincksieck, 1967.

Les deux sont des ouvrages "de base".

Références que je n'ai pas lues :

D. Norberg, A quelle époque a-t-on cessé de parler latin ?, Annales ESC 19666 p.346 sq.
G. Straka : "la dislocation linguistique de la Romania", in Revue de Linguistique Romane, XX, 1956, p.254

Je vais voir si je trouve autre chose.

*

Si c'était une dissertation française, je passerais une demi-page à définir la notion de "christian church" en disant que je fais tout à fait la différence entre le christianisme d'une part et l'Eglise d'autre part. Mais il me semble qu'en terre anglo-saxonne on peut être un peu plus flou (voire la note de Tom sur la notion de "Christian Church".

Il est impossible de ne pas parler du latin. D'abord, c'est la langue-source des langues romanes, d'autre part, c'est une langue qui continue d'exister - y compris à l'oral - dans les élites, précisément religieuses. On peut dire qu'entre la dislocation linguistique de la romania et quelque part entre le 12e siècle et la Renaissance, il y a réellement une situation de diglossie.

Bien qu'elle ne pose pas à proprement parler de problème (autant que je sache, et d'après ce qu'en dit le Collins), il faudra quand même préciser un peu la notion de "romance", notamment d'un point de vue chronologique. Car malheureusement la zone est floue qui va de la dislocation de la langue latine (quand ?) à l'établissement clair de langues romanes distinctes. Personnellement - mais au risque d'un très léger HS - j'incluerais dans cette question l'état ultra-tardif de la langue latine (c'est à dire le début des invasions : le cinquième siècle).
Il y a aussi la problème de la limite finale. A la rigueur tu peux aller jusqu'à nos jours, mais ça ne me semble pas très pertinent. A ta place, je ne donnerais pas de limite finale claire.

L'expression "shaping the pattern of evolution of Romance" me laisse à penser qu'il faudra entrer clairement dans certaines questions théoriques :
- Les unitaristes et les "dialectalistes" : est-ce que le latin ne s'est disloqué qu'après la chute de l'empire (comme le soutiennent généralement les latinistes) ou bien a-t-il commencé à se dialectaliser fortemment dès le IIe siècle (ce qui est plutôt l'avis des romanistes) ? Or, ceux qui sontiennent que le latin est resté un système structuré et intercompréhensible d'un bout à l'autre de la Romania mettent justement en avant les facteur d'unité : les centres urbains, les systèmes scolaires, et "le dynamise missionnaire de l'Eglise" (F. Kerlouegan - d'ailleurs les deux autres dépendent aussi, dans une certaine mesure, de l'Eglise).

- la théorie généalogique et la théorie des ondes (qui précisément est née de l'observation des langues romanes).

- le découpage des zones linguistiques de la période romane :
méta-groupe oriental : avec le groupe gallo-roman d'une part, et ibéro-roman d'autre part
méta-groupe orental : italo-roman d'une part, et balkano-roman (roumain, dalmate) d'autre part.
Sur ce point, il ne semble pas que l'Eglise ait eu la moindre influence. Mais ça devrait pouvoir se discuter.

Le dernier, d'ailleurs, est très important : c'est le seul groupe roman qui échappe à l'influence de l'Eglise romaine.

Au passage, et pour revenir sur les propos de Tom : moi, j'insisterais sur un fait particulier, à savoir que jusqu'au milieu du Moyen-Âge à peu près, il n'y a pas de rupture institutionnelle entre les églises de Rome et de Byzance (schisme en 1204 si je ne me trompe, mais en fait il paraît que c'est plus compliqué). Par contre, ce qui est très vrai, c'est qu'il y a dès l'origine une rupture culturelle (monde latin/monde grec) et une rupture politique (ancienne ligne de partage de l'empire romain).

- La question des substrats, des adstrats et des superstrats, ainsi que des "revival" (comme les langues celtiques en Grande-Bretagne).

- les questions de socio-linguistique, et en particulier de "reconnaissance linguistique". Si le Serment de Strasbourg est considéré comme le premier texte français, c'est précisément parce que le reste de la chronique est en latin : le fils de Charlemagne s'adresse expressément en "français" aux troupes de son frère, c'est donc qu'il a conscience (et l'auteur de la chronique avec lui) que le latin et le français sont désormais deux choses différentes.


*******

Voici quelques idées dans le cadre d'un plan chrono-thématique (mais il y en a d'autres) :

I. L'apport du christianisme dans le latin et la romania tardifs.
ou : la dislocation romane et le christianisme en cours d'institutionnalisation


(partie légèrement HS mais quand même) : le christianisme (comme foi puis comme insitution) renouvelle le vocabulaire latin : création de nouveaux mots, emprunts au grecs (presbyter, diacon), parfois "latinisés" (diaconatus "le diaconat" : diacon- c'est du grec mais -atus est un suffixe latin). Ou renouvellement du vocabulaire latin : antistes, virtus,
-> curieusement, les termes concrets sont empruntés (presbyter, ecclesia, etc.) mais les concepts sont des mots latins réutilisés (anima, redemptor, virtus).

La littérature devient presque le seul fait d'auteur chrétiens à vocation apologétique : Prudence, Lactance, Sulpice Sévère, Saint Augustin. Il y en a dans tous les pays ou presque : ils continuent en partie la culture antique, notamment en matière de rhéthorique.

Substitution de l'autorité ecclésiastique à l'autorité romaine centrale. Elle est en cours dès la fin de l'époque romaine : les évêques commencent à avoir un rôle politique et judiciaire (par exemple le droit "d'audiencia", c'est à dire de basse justice). => Les clercs deviennent "maîtres de la langue".

La querelle des unitaristes et des dialectalistes : est-ce que les forces unifiantes (système scolaire, centre urbain, missions religieuse = dans les trois cas, l'Eglise) réussisent à contrebalancer les forces dislocantes ?

II. Le rôle de l'Eglise dans la création des langues romanes jusqu'à l'époque carolingienne

Un fait notable : dans toutes les zones de la Romania, les envahisseurs barbares trouvent en face d'eux une administration (au sens large, y compris le gouvernement des villes) ecclésiastique déjà formée, organisée, et pourvue d'une langue connue, écrite, et enseignée. Il vont se "glisser dedans", organiser leurs nouveaux pouvoirs au moyen des clercs. Conséquence : contrairement à ce qui s'était passé lors de la conquête romaine, la langue des envahisseurs disparaît, et c'est celle des envahis qui l'emporte (avec quelques apports superstratiques).

A l'inverse : les pouvoirs ecclésiastiques se mettent au service des nouveaux gouvernants (le pouvoir central de Rome est encore très faible). Après l'invasion, l'Eglise ne permet donc pas le maintien d'une seule langue.

Il se met en place une forme de diglossie : les clercs parlent un mauvais latin, les populations parlent leurs langues romanes (protofrançais, protoitalien, etc.).

Cependant, durant la période mérovingienne, la qualité du latin est mauvaise ; des auteurs comme Grégoire de Tours écrivent dans un sabir qui est sans doute à mi-chemin entre le parler populaire et ce qu'il sait du latin (mais il le sait mal : il sait par exemple qu'il y a un ablatif (domino) et un accusatif (dominum), mais comme il prononce tous les deux "domino", il ne sait plus trop où il doit mettre l'un et où il doit mettre l'autre).

On a donc une situation double et paradoxale : d'un côté, il y a incontestablement diglossie, et de l'autre, il y a une tendance à ce que cette diglossie se résorbe : "l'acrolecte" et le "basilecte" tendent à se rapprocher.

III. Eglise et langue romane dans le premier moyen-âge (de l'époque carolingienne au 12e siècle): reconnaissance des langues romanes et renaissance carolingienne.

L'Eglise a conscience de cette situation de diglossie : en 813 date-clef et à mon avis obligatoire
, le concile de Tours proclame que les homélies doiventre êtres dites "in rusticam romanam linguam aut thiosticam" (en "langue latine rustique, ou en tudesque") (si tu veux, je peux te donner la phrase entière).

Dès cette époque, aussi, les gloses (d'un ou deux mots à peine) se multiplient dans les chartes latines. Sans être encore du français ou de l'italien, ça n'est déjà plus du latin.

Dès lors, la plupart des premiers documents dans nos langues romanes modernes sont des documents de nature religieuse :
- En Italie, l'épitaphe de Grégoire V (999) mentionne le fait qu'il parle trois langues, et une charte du Mont Cassin (à propos d'une terre qui est la propriété du monastère) daté de 960 contient les premiers mots d'italien.
- En Espagne : les Gloses de San Millan de la Cogolla (fin Xe siècle), paraphrases de vie de Saint en proto-espagnol.

(le Portugal aussi, je crois, mais j'ai oublié)

Une exception notable cependant : le Serment de Strasbourg, document politique. Dans l'Empire carolingien (et ses restes), le pouvoir tend à prendre l'initiative dans le domaine inguistique (cf. les "écoles de Charlemagne" et les "missi dominici" : formés par les clercs et clercs eux-mêmes, mais voulus
par le pouvoir politique).
-> Toutefois, le 2e document historique en français, la cantilène de Sainte Eulalie, est de type religieux (mais plutôt populaire que "ecclésiastique").

En sens inverse, le pouvoir caroligien (et grâce à l'Eglise) prend conscience de la déconfiture de la langue latine, et tente d'y remédier. Le latin redevient "bon" dans les textes. Mais cela a pour conséquence d'accélérer la prise de conscience du fait qu'il y a désormais deux langues (le latin "restauré" est beaucoup plus loin du parler populaire que le mauvais latin de Grégoire de Tous). Latin et langues romanes, surtout en Gaule, se séparent définitivement.

Il y a donc désormais une situation de diglossie franche, avec une frontière nette.

Toutefois, le clergé régulier sert quand même de "point de communication" entre les deux langues : le latin ne cesse pas d'influencer les langues romanes :
1. Tendance à la graphie étymologisante ("qui" plutôt que "ki")
2. Apport sans cesse de nouveaux mots directement empruntés au latin (suffit d'ouvrir un dictionnaire d'ancien français). Surtout à partir du 12e.

L'inverse est vrai aussi : le latin médiéval s'emplit de terme emprunté aux langues vulgaires.

Dans la première moitié du Moyen-Âge, "l'écrit" est par essence latin. L'usage des langues populaires est par nature limité. La ruine de l'empire Carolingien et la re-dislocation du pouvoir (les rois fainéants, le féodalisme, etc.) fait que "l'initiative linguistique" repasse au main des clercs, et des pouvoirs locaux (le pouvoir royal est nul). On voit réapparaîte une littérature latine religieuse, et même une poésie.

Cependant, le latin perd petit à petit de son pouvoir : apparition de littératures vernaculaires (chansons de geste, romans de chevalerie, etc.), relativement indépendante de l'Eglise (même si les "auteurs" de ces épopées ont certainement été formés dans les monastères).

Le pouvoir central s'affirme, contre les féodaux et (aussi un petit peu) contre le pouvoir ecclésiatique. Sous Saint Louis, les chroniques historiques passent en français. Même s'agissant de religion, on se met à parler français : la Queste del Saint Graal en est un bon exemple.

Bref : à partir du 12e siècle, l'influence de l'Eglise sur l'évolution des langues faiblit (plus ou moins suivant les langues, je suis pas très compétent pour les autres ; il faudrait notamment s'interroger encore sur les effets de la reconquista, ou de la croisade dans les langues ibériques et italiennes).

:sun:

PS : C'est quoi tes textes de Racine ? (J'adore Racine).
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Bacaline
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Post by Bacaline »

:god:
Wouaouh après ça Zalatta j'espère que tu auras une bonne note, tiens-nous au courant ;) En tout cas je me sens moins ignorante.
مع السلامة
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iubito
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Post by iubito »

Y'a un concours du poste le plus long Sisyphe ? :loljump:
A+ les cactus !
A izza i ana sacranou
Askaratni kaasoun kaasoun khalidah
Ana mal' anou bihoubbinn raasikhinn
Lan yatroukani abada...
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Zalatta
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Post by Zalatta »

Impressionnant! merci mil fois Sisyphe ;) J'ai pas de mots! :god:
J'ai pas encore pu tout bien lire parce que je travaille ce soir et je dois encore faire à manger, mais ce soir même... je m'y mets! :D
Sinon, dans mon cours de Racine, on est en train d'étudier: Britannicus, Athalie, Iphigénie, Phèdre, Andromaque et Bérénice, on fait aussi Le Cid et je crois que ce sera tout! j'ai pas l'habitude de faire tant de bouquins, en France on en étudie 4 ou 5 à fond et ici... un bouquin par semaine! Mais bon, il faut s'y faire (les cours de littérature française sont en anglais, même ceux pour les 4eme année!)
Voilà, merci encore!
Zalatta :hello:

Je vous triendrai au courant pendant la semaine :)
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ann
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Post by ann »

:drink: bravo sisyphe pour tous ces détails.
Une petite remarque qui n'aidera peut-etre en rien... Pour en rajouter sur la participation de l'Eglise dans le développement du français je crois qu'il est important de voir en quoi les hommes d'Eglise ont participé à la "normalisation" du français (je pense : à lui donner orthographe, grammaire, à faire devenir de ce "vernaculaire" une langue écrite). Et bien sur je pense aux dictionnaires. On trouve un bon résumé de l'histoire de nos dictionnaires sur le site de Jean Pruvost
http://www.u-cergy.fr/dictionnaires/his ... _dico.html
Les premiers dictionnaires dans lesquels on trouve nos mots français sont des dictionnaires faits ou à l'usage des hommes d'église: ils sont faits pour comprendre par le biais de gloses des mots difficiles de textes religieux. Pensons aussi au dictionnaire de Trévoux -début XVIIIe (version revue et corrigée du Furetière faite par des moines de Trévoux) etc.
Mais j'ai peur de te faire sortir de ton sujet...
Pile ou face?
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Toirdhealbhách
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Post by Toirdhealbhách »

Rappelons aussi que le premier dictionnaire français connu est le Catholicon de Jehan Lagadeuc (1499), qui est un dictionnaire breton/français/latin, à l'usage notamment des séminaristes bretons qui devaient apprendre le latin et le français. Bien sûr, vu le siècle, c'est du moyen-breton et du moyen-français...
flamenco
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Post by flamenco »

Merci Sisyphe! (et merci à Zalatta pour son post!) C'est vraiment fascinant! :cry: Quand est-ce que je n'aurai plus à faire de la litté et des trucs casse-pieds et que je pourrai me consacrer à tout ça...? :cry:

:hello:
FLam'
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Zalatta
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Post by Zalatta »

TiFlam', pleure pas! si l'année prochaine tu pars en Erasmus surement t'auras l'oportunité de choisir des matières qui te plaisent vraiment! Par exemple moi, j'adore la littérature comparée et au premier semestre j'ai pris: Post-colonial writing in French et je l'ai faite valider en France par de l'histoire de l'Afrique francophone :D
Courage!
Zalatta :hello:
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