alors premier élément : les langues romanes et le latin, ce n'est pas du tout équivalent. D'une certaine manière, c'est plutôt l'inverse : les langues romanes se sont détachées progressivement du latin ; si tu axais donc ta dissert' sur "l'Eglise et le latin", tu ferais un contresens (et donc : crac-boum

). Il faudrait commencer par définir la période considérée, pour voir ce qu'il faut chercher. En gros, les principales évolutions sont les suivantes :
- 6e siècle : le latin évolue et s'éloigne du latin de Cicéron. Les auteurs ecclésiastiques ne s'en rendent pas trop compte, écrivent eux aussi en employant cette langue en pleine évolution, et participent ainsi à transformer le latin en roman.
- vers 800 : renaissance carolingienne, les autorités politiques essaient de restaurer le latin antique. Problème : la population ne suit pas. On a donc une coexistence entre des auteurs lettrés qui, à l'écrit, emploient le latin classique, et le reste de la population qui commence à parler une langue ex-latine, base des langes romanes. C'est à ce moment-là que celles-ci prennent leur autonomie et que le latin, inversement, devient une langue morte.
- la suite de l'histoire ne sera plus qu'une alternance entre résistance de l'Eglise face à ces langues romanes et encouragement (venant aussi, parfois, de l'Eglise) envers ces mêmes langues.
Pourquoi résistance ? parce que le latin, devenu langue difficile, contribuait au prestige du clergé qui le maitrisait ; également parce que c'eétait une des trois langues du monde biblique (avec le grec et l'hébreu), et que ça permettait donc de rester aussi proche que possible de l'univers mental du Christ ; et enfin parce que le latin était la langue des empereurs romains, et que l'Eglise catholique (NB : en français, on met une maj. à "Eglise", une minuscule à "catholique" ou "chrétienne") s'était plus ou moins identifiée à cet empire depuis la conversion de Constantin.
Pourquoi encouragement ? Parce que pour mettre en forme une langue romane (pour lui donner une grammaire, etc.), il faut également être un homme lettré et que par conséquent, c'étaient essentiellement les hommes d'eglise qu étaient en mesure de le faire. Ce n'est donc pas étonnant que parmi les pionniers des langues romanes (Chanson de Roland, Villon, Rabelais... ça dépend quand tu veux t'arrêter), la plupart aient été des moines ou anciens moines. Par ailleurs, le souci d'être compris par les fidèles a incité l'Eglise à promouvoir les langues vernaculaires, et notamment les langues romanes. Mais ça concernait essentiellement la vie de tous les jours : pour une messe dans une autre langue que le latin, il a fallu attendre (du moins en Occident) le concile de Vatican II.
Voilà pour les premiers thèmes qui me viennent en tête ; en matière de bibliographie, en plus du livre (au titre alléchant) indiqué par Toirdhealbhách, tu peux peut-être jeter u coup d'oeil sur :
- Michel Banniard, Genèse culturelle de l'Europe
- Philippe Wolff, les origines linguistiques de l'Europe occidentale, Toulouse, 2e édition 1982.
Si tu y trouves ton bonheur (mais si, mais si, c'est un sujet formidable), tant mieux ; sinon, je me lâcherai un peu et te fournirai d'autres titres

, yark yark.
NB : si tu veux embêter un peu ton prof, tu peux chicaner et signaler que l'expression "Christian Church" est un peu déplacée ici, puisqu'il y a existé plein d'Eglises chrétiennes (grecques, arméniennes, etc.) qui, se trouvant loin de l'univers latin, n'en avaient rien à secouer de cette question (pourtant intéressante). C'est surtout l'Eglise catholique qui est en jeu ici (quoique on pourrait gloser sur la différence d'attitude entre catholiques et protestants à propos de cette question, mais bon).