Alors, de toute facon, il me faudra un compromis: ne pas étudier ce qui m'intéresse le plus (ling. historique) pour pouvoir étudier en France ou bien l'étudier et rester ici en Allemagne.

Tu n'aimes donc pas l'Allemagne ? C'est un beau pays pourtant. Enfin cela te regarde.

Excuse-moi de jouer les vieux-c*n-donneurs-de-conseils deux minutes, mais je crois que c'est très important :
ne sacrifie pas tes études à ton confort immédiat. Les études, tu ne les feras qu'une fois dans ta vie, et elles décideront, sinon de tout, en tout cas d'une part essentielle de ton existence.
Tu n'as que quelques années pour les mener, entre tes actuels dix-huit printemps et le moment où tes parents commenceront à souhaiter discrètement que tu évacues le plancher, où tu commenceras à vouloir t'installer, avoir des enfants, etc. Bref : où tu en auras marre (

je commence doucement à y arriver), et/ou où tu n'auras plus un pfennig devant toi ! (Ca aussi

).
DONC : la question, pour l'instant, pour toi, ne doit pas être "où est-ce que je fais mes études" ? Mais "qu'est ce que je veux faire comme étude, de quelle qualité, de quelle difficulté, et pour combien de temps".
Si tu veux faire des études longues et te diriger vers la recherche, c'est dès les premières années qu'il faudra t'y atteler. Ne pas se contenter d'une honorable médiocrité, comme font trop d'étudiants de premier cycle en France (

et malheureusement le système y pousse un peu). L'important, ce n'est pas d'avoir les trois premiers diplôme (enfin le premier diplôme = la licence), c'est (d'un point de vue intellectuel et "noble") d'en apprendre le plus possible, de se passionner, de lire des ouvrages sur le sujet, bref : d'étudier avec passion, et (d'un point de vue matériel et un peu "mercenaire") de décrocher des bonnes mentions pour avoir plus tard les bourses et les financement nécessaires (parce que la vie de Bohème d'étudiant, coquillettes tous les jours, ça va bien cinq minutes mais y'a un moment où en a marre).
On ne va pas entrer dans un débat sur les mérites comparés des deux systèmes universitaires, ils ont chacun des défauts et des qualités.
Mais il faut savoir qu'en France, les premiers cycles sont :
- objectivement parlant, très spécialisés et très cloisonnés : difficile de faire du latin à côté si on est en LLCE espagnol par ex. ; encore plus difficile de faire des doubles cursus. Contrairement à l'Allemagne. La seule exception, c'est précisément les classes préparatoires.
- Plus subjectivement (c'est une question d'opinion, ça dépend des facs, ça se discute, ça dépend de l'état d'esprit dans lequel on est, etc. Mais quand même, je crois qu'on sera d'accord) : assez médiocres. Le niveau des étudiants est très disparate, les effectifs sont souvent énormes, donc "anonymants", et en tout cas, le fait que les étudiants ont tendance à se "noyer" dedans, etc., etc.
Bien sûr, il y a de bons profs, de bons étudiants, et certains parmi eux feront de la recherche. Mais franchement, ce n'est pas, mais vraiment pas, ce qu'il y a de mieux. La fac française, c'est bien à partir du 2e cycle.
Donc, si vraiment tu veux venir en France : fais une khâgne classique (et le conseil de Flam' n'est pas absurde : le lycée Kleber à Strasbourg n'est pas mauvais, surtout si tu as déjà un excellent niveau d'allemand ; en plus ils doivent avoir l'habitude de traiter des dossiers "d'abiturients"). Comme ça tu feras un max de latin, de grec, d'espagnol, d'allemand (c'est forcément un de tes points forts !) et d'autres matières. A tout point de vue c'est une excellente formation pour la suite. Et essaie de fréquenter les cours de linguistique latine et grecque à la fac en parallèle (deux heures par semaines ; c'est ce que j'ai fait).
Au bout de deux ans, tu verras bien si tu veux rester en France ou repartir en Allemagne (en principe, les équivalences de diplômes sont appelées à fonctionner de mieux en mieux).
Ou alors : fais tout ton cursus en Allemagne.
En tout cas, aie bien conscience que ta binationalité (ou ta biculture je sais pas) est vraiment un avantage dans le domaine que tu envisages. Alors profites-en.
Et encore une fois, au risque d'être le "réaliste" de service, dis-toi bien que les études : c'est long, c'est dur, ça coûte cher, c'est fatigant. Et que c'est un truc à envisager avec beaucoup de sérieux.

Etymologiquement, "passion" signifie "souffrance" !!