Miguel wrote:C'est une démarche hyper-élitiste que je condamne. On construit un pseudo-prestige par une sélection tellement ardue qu'on y condamne une majorité d'étudiants (qui sont surtout des êtres humains) à l'échec. Pour être plus clair : c'est du n'importe quoi.

C'est l'éternel débat sur les examens et les concours. Mais de toute façon un examen comme un concours a pour
fonction de choisir. Un diplôme, c'est la preuve d'un mérite. Or le mérite est toujours relatif : c'est la possession d'un bagage académique
par rapport à ceux qui ne l'ont pas. Que je sois diplômé de sanscrit, de menuiserie ou de comptabilité, je prouve par mon diplôme que je possède un savoir qui me met
sous un certain angle en position de supériorité (et donc, d'attractivité pour le secteur marchand ou pour l'Etat) par rapport à d'autres.
Examen ou concours, 10 ou 16 de moyenne, ce ne sont en réalité que des détails techniques. D'une certaine manière, les examens "élitistes" comme le DESS de Didine ont l'avantage d'offrir à leurs détentaires un prestige qui leur assure une employabilité immédiate. Et je trouve beaucoup plus digne de mériter son emploi sur un examen cadré, normé, le plus anonyme possible et où les règles sont claires et l'équité assurée (en espérant que ce soit le cas du DESS en question) que sur les critères flous ("gueule de l'emploi, mentalité de winner") ou crétins (testes de graphologie) d'un DRH minable.
Et pour enfoncer le clou, je préfère les examens dont les organisateurs posent clairement et avec honnêteté la difficulté, l'élitisme et donc la valeur, aux trop nombreux titres faciles dont les détenteurs découvrent, mais après coup et après avoir perdu deux ans de leur vie et autant d'argent, qu'ils ne valent rien. Je pense ici aux trop nombreux DESS de certaines facs de province, et autres licences pro (attention : il y a des DESS et des licences pro tout à fait valables) qui constituent autant de mensonges éhontés vis à vis des étudiants de la part des pontes universitaires.
Si "l'élite" correspond à son étymologie, c'est à dire qu'elle représente une part de population "choisie" pour ses mérites et son aptitude à tel ou tel poste, elle n'est pas critiquable (disons pas plus que le principe d'une société fondé sur la division verticale du travail. Mais peut-on vraiment faire les foins le matin et la critique de la critique critique après le dîner, comme disait l'autre barbu ?).
A condition qu'elle ne soit jugée
que par rapport à ce poste et à cette fonction-là (un énarque a par son travail et sa scolarité tout à fait mérité d'être auditeur à la cour des comptes. Mais pas de monopoliser les fonctions politiques pendant trente ans).
Quand l'élite devient l'élite quoi qu'elle fasse, et qu'elle n'est plus choisie mais reproduite, là la critique devient nécessaire. Mais dans ce cas le vice n'est plus forcément dans l'examen ou le concours, mais en amont.