
C'est pas si mal...
Chezyas wrote:Le problème, c'est que c'est assez poétique, et que ma traduction me parait un peu bizarre... voilà ce que j'en ai tiré: (ce que je mets en gras me parait incertain)
Lorsque celui-ci (Enée) reconnaissa sa mère (Vénus)

"reconnaissa" ? Ahem...
reconnut !
, fuyante tel qu'il la poursuivit par sa voix:
"tali" va avec "voce" (

Piège ! L'ablatif des
adjectifs de la deuxième classe est plus souvent en -i qu'en -e)
Donc, littéralement : "il la poursuivit (secutus est), elle qui fuyait (fugientem), avec une telle voix (tali voce)"
-> C'est à dire "avec de telles paroles", "en prononçant de semblables paroles", etc.
"Pourquoi jouer (dans le sens abuser, donc employé le mot enjouer à la place est-ce bon aussi?) si souvent de ton fils, cruelle toi aussi, par tes fausses apparences?
Globalement c'est juste.
"ludis" est une deuxième personne.

Le mot "enjouer" me paraît faux de ce sens. D'abord l'infinitif ou mêmes les temps conjugés de ce verbe sont rarissimes et même inusités en français moderne (on ne le trouve que chez les auteurs classiques, comme Boileau "il enjoue sa narration et occupe agréablement le lecteur"). Et surtout il ne signifie pas "abuser", mais au contraire "amuser, égayer, rendre gai".
"abuser" n'est pas mal. On pourrait mettre aussi "se jouer de"
Quant à "crudelis tu quoque", on peut le comprendre : a. comme une apposition ("cruelle toi aussi / faisant preuve toi aussi de cruauté") b. comme une autre question, avec ellipse de l'interrogatif : "cur... tu quoque crudelis ... <est>" = "pourquoi est-tu toi aussi cruelle" ?
Enée se plaint d'avoir souvent souffert d'amour lui aussi, alors qu'il est pourtant le fils de la déesse de l'amour, et qu'il aurait pu penser que sa mère lui épargnerait cela
Pourquoi n'est-il pas donné d'unir nos mains et d'entendre et rendre (donc échanger?) de vraies paroles?"

Oui, c'est ça. Mais il faut adapter un peu : "pourquoi n'est-il pas donné = pourquoi n'est-il pas permis".
audire et reddere voces = pas facile à traduire

Dans une conversation, on écoute d'abord (audire) ce que dit l'autre , et ensuite on répond (reddere).
On peut s'en tenir à votre traduction : "d'entendre et d'échanger...." Moi, je mettrais uniquement ".... et d'échanger des vraies paroles" (ce qui englobe à la fois audire et reddere), mais votre prof va peut-être croire que vous avez oublié de traduire "audire" (

un prof choisit toujours l'interprétation la moins favorable à l'élève, pour le plaisir sadique d'ôter un point). En tournant un peu la phrase : ".... d'entendre de vraies paroles, et d'y répondre".
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)