Elie a très bien résumé la situation : certes, il vaut mieux avoir une Matura autrichienne qu'un A Level Pakistanais (j'ai connu le cas d'Irakiens qui avaient bac + 5 dans leurs pays et qui n'ont pas été admis en DEUG de math dans une pourrave université de province). Mais ça ne suffira pas.
Et n'espère pas qu'un entretien avec le Doyen de la faculté puisse suffire ; on est pas en Allemagne ! N'oublie pas qu'en France, il y a en proporotion trois fois plus de bacheliers généraux (des "matures") qu'en Autriche, que les universités sont des universités de masse, ayant très peu d'encadrement proportionellement au nombre d'étudiants. Il n'est pas rare qu'un directeur de la division des études internationales - si excellent homme soit-il et j'en ai connu - a facilement deux mille dossiers à gérer, sans secrétaire et sans photocopieuse.
Des titres, des titres, des titres, de l'écrit, de la paperasse. C'est le seul sésame possible.

De toute façon, je vais te dire carrément mon opinion : fais tes études en Autriche. D'une part le système universitaire germanique est bien meilleur que le nôtre (plus cher aussi). D'autre part, chaque pays a sa propre "culture scolaire", ses propres exercices, ses propres horaires (sachant que les cours en Allemagne sont de 45 minutes, comment supporter les cours de fac français de plus de deux heures que moi-même je ne supporte plus ?), etc.
J'ai déjà parlé plusieurs fois ici-même de cette amie d'amie, de nationalité belge, neée au Maroc et qui avait vécu toute sa vie en Afrique du Sud. Elle était parfaitement bilingue anglais-français, du moins en théorie, et elle avait un A-Level sud-africain en poche. Ayant dû quitter l'Afrique du Sud, elle s'imaginait pouvoir continuer comme si de rien n'était sa scolarité en Belgique.
La Belgique (oùla validation des études secondaires ne passe pas véritablement par un seul examen final) lui a refusé l'accès à ses universités. Elle a fait plusieurs facs française avant d'obtenir une dispense, uniquement pour faire LLCE, dans une fac miteuse de province.
Et elle s'est plantée. D'abord parce qu'elle était une "fausse-bilingue". Elle parlait le français, oui, et l'écrivait sans faire plus de faute d'orthographe que moi. Mais il y a une différence entre langue maternelle et langue scolaire : dès qu'il fallait ordonner, argumenter, analyser avec des outils conceptuels, elle ne pouvait réellement le faire qu'en anglais. Ensuite, parce qu'elle ne connaissait rien aux habitudes universitaires française : l'art subtile de la dissertation, alpha et oméga de nos université, lui échappait totalement, habituée qu'elle était aux exercices anglo-saxons, plus brefs, moins problématisés (moins intelligents diront les uns, moins enc*leurs de mouches diront les autres). Enfin parce qu'elle n'avait aucune culture littéraire française ! Elle s'était ridiculisée en demandant qui était Cosette.
Bon, ceci est un tableau noir et je dirais extrême. Mais à mon avis, médite quand même la chose. Si tu as passé tout ton secondaire dans un système germanique, française ou pas, francophone ou pas, tu risques d'avoir un choc culturel déstabilisant en arrivant dans nos facs sans eau courante.
Tout dépend bien sûr des études que tu veux faire, mais à mon avis, tu vas au devant de beaucoup moins de difficultés en envisageant de
commencer tes études supérieures en Autriche. Ce qui te donnera le temps de faire reconnaître tant et plus ton français (à commencer par le DALF). Une fois la licence (ou mieux : plusieurs), tout deviendra beaucoup plus simple.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)