
"Chrysostome" comme épithète en soi, utilisable partout, non. Mais Littré dit bien "qui a la bouche d'or. Epithète donnée à
quelques pères de l'Eglise".
Apparemment il y en a d'autres que Jean d'Antioche. Je connais bien Dion Chrysostome, mais ce n'est pas un père de l'Eglise, c'est un rhéteur de l'antiquité, bref.
On va dire que c'est "une épithète de noms propres", chose courante dans la langue grecque (cf. tous les empereurs byzantins "porphyrogénètes", cad "nés dans la pourpre" (
sans parler de Constantin Copronyme, "au nom merdeux" !).
Ce n'est pas un nom, ni un prénom ni franchement un surnom. C'est un peu comme nos Philippe le Hardi, Pépin le bref ou Louis le Bien-Aimé, sauf que c'est réservé.
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J'aquiesce à "tribun". Le sens péjoratif (démagogue) est vieilli en français, moi je le considérerais presque comme un éloge. Cf. TLF :
B. P. anal.
1. Vieilli, péj. Factieux cherchant à soulever le peuple en feignant de défendre ses intérêts. [Bonaparte] fut réduit à se refaire tribun du peuple, à courtiser la faveur des faubourgs, à parodier l'enfance révolutionnaire, à bégayer un vieux langage de liberté (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 595).
2. Orateur à l'éloquence puissante, directe et sachant s'adresser à la foule. Thiers dit au tribun de la République: « Gambetta, vous avez été imprudent. Oui, vous avez été imprudent!... » (GONCOURT, Journal, 1875, p. 1097). Le socialisme doctrinaire a eu en France quelques bons journalistes. Il n'en a eu qu'un de premier plan, qui était, en même temps, un tribun remarquablement doué, Jaurès. Il avait l'image prompte, le geste large, la voix sonore et, à l'occasion, de la bonhomie (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p. 126). *
3. Celui qui se fait le défenseur actif et vibrant d'une cause, d'une idée. Il était peut-être nécessaire de modérer leur autorité par l'érection d'un magistrat qui fût comme le tribun des Indiens, et eût assez d'autorité pour les garantir des vexations (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 265). [Drouot] prenait hardiment l'intérêt du soldat trop souvent sacrifié, il méritait que l'Empereur l'appelât le tribun du soldat aussi justement qu'il l'avait appelé le Sage de la grande armée (LACORD., Éloge fun. Drouot, 1847, p. 45).
*Je souligne. C'est d'autant plus flatteur ici que Léon Daudet (le fils de) était un homme d'extrême-droite qui haïssait Jaurès en temps ordinaire.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)