... Pour "familiariser" une génération à venir avec la "chose" informatique, considérant que les générations déjà adultes et "non-informatisées" sont définitivement perdues pour l'informatique, surtout si le contact avec le reste de la technologie moderne est lui-même assez faible ?

Je suis assez circonspect vis-à-vis de cette idée "d'ordinateur pour pauvres" présentée un peu partout... L'idée de départ avancée par ce M. Negroponte est sans doute noble dans son principe : réduire la "fracture numérique", une des nombreuses marques des inégalités nord/sud, mais j'ai l'impression qu'elle met la charrue avant les boeufs.
D'abord même à 100$ au lieu de 1000$, cet ordinateur ne peut viser que les plus riches des plus pauvres, si j'ose dire. Ensuite la sous-informatisation des plus pauvres (y compris dans nos pays ! Hélas...) n'est pas qu'une question d'argent (même si, comme disait Alphonse Allais, c'est fou comme l'argent aide à supporter la pauvreté). Enfin, tout cela me rapelle un peu nos "ordinateurs familiaux", vous savez, les invraisemblables MO5 et autres TO7, eux aussi supposés financièrement plus accessibles, que plus personne ne se rappelle avoir
utilisés, alors que tous ont le souvenir de leur laideur, leur lenteur et leur inconfort. Et je n'ai pas du tout l'impression qu'ils aient réellement contribué à démocratiser l'informatique. Je connais bien des familles qui ont eu un "ordinateur familial" - souvent réduit à une console de jeu pour les enfants, vu que c'était tout ce qu'ils étaient capables de faire - qui ne sont jamais passé à l'informatique ensuite.
Je comprends aussi que l'Inde, qui fournit en informaticiens surdiplômés plus d'un pays en Europe, soit un peu vexée qu'on la considère comme "pays pauvre de service" pour telle ou telle expérimentation.
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)