ci dessus un mail de correspondance sur la francophonie et la francophilie , qui est intéressant de porter à connaissance;
Le point de vue d’un glossonome de l’Université Laval ( Québec) face à un Français prétendant une francophonie à 200 millions de locuteurs.
Le français dans le monde
Pour le français, je n'ai développé personnellement aucun favoritisme ou chauvinisme pour cette langue. Dans les statistiques sérieuses données au plan mondial, le français n'atteint pas les 80 millions de locuteurs COMME LANGUE MATERNELLE, les 130 millions comme langue d’usage. Au plan numérique, le français est une langue moins importante que le mandarin (900 millions), l'espagnol (360 M), l'anglais (330 M), l'arabe (200 M), le bengali (190 M), l'hindi (182 M), le portugais (170 M), le russe (170 M). Le chiffre de 200 millions que vous citez désigne tous les locuteurs du français, langue maternelle et langue seconde confondues. À cela, je vous dirais que l'anglais atteint le milliard de locuteurs, pas juste 330 millions.
Les seuls pays francophones dans le monde sont la France (61,4 millions, dont 82 % ont le français comme langue maternelle = 50,3 M), la Belgique (10,2 millions, dont 34,1 % de francophones = 3,4 M), la Suisse (7,2 millions, dont 20,4 % de francophones = 1,4 M), le Canada (31,2 millions, dont (21,7 % de francophones = 6,5 M). Pour le reste, notamment en Afrique, ajoutez un gros million de francophones, même deux, et vous atteindrez à peine 65 millions.
Les seuls pays anglophones dans le monde sont les USA, le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, ce qui comptabilise au moins 96 % des anglophones du monde. Or, il y a 53 pays anglophones dans le monde! Les statistiques les plus sérieuses sur les langues du monde, comme Ethnologue <http://www.ethnologue.com/show_language.asp?code=fra> , indiquent exactement 64 858 311 de locuteurs pour le français. Mais 309 352 280 pour l'anglais.
Il est probable que vous Français , personnellement, vous préféreriez que ce soit plus élevé pour votre langue, mais la réalité est toute autre. Si vous saviez ce que les enseignants des écoles américaines et les propagandistes du British Council affirment au sujet des locuteurs de l'anglais dans le monde, vous trouveriez cela sublime: il y aurait plus de deux milliards d'anglophones. Évidemment, il n'y a pas deux milliards d'anglophones dans le monde, mais juste 300 millions, puis pas plus de 80 millions de francophones, pas 200 millions. Tout le reste, ce sont des balivernes, de la propagande ou des faussetés. Mais c'est vrai qu'au moins 200 millions de locuteurs - probablement plus 250 aujourd'hui - gravitent autour du monde francophone, mais 250 millions de «francophiles» ne font pas 250 millions de francophones. Un Russe de Russie qui sait le français n'est pas plus un francophone et pas moins un russophone.
Par exemple, le Québec compte 82 % de francophones. Mais 90 % des 18 % des non-francophones (donc au moins 16 %) connaissent à des degrés divers le français. Or, ces 16 % ne constituent pas des «francophones», pas du tout. Ils parlent le français, le connaissent plus ou moins bien dans certains cas, mais ils demeurent encore des anglophones, des hispanophones, des créolophones, etc. Quand arrivent les élections, tous ces non-francophones, souvent francophiles, montrent bien dans leur choix qu'ils ne sont pas des francophones. Ils votent tous pour le même parti politique. On ne peut pas compter sur ces «francophiles» non francophones pour sauvegarder la langue française en Amérique. S'ils avaient un choix à faire, ce sera envers l'anglais, pas le français. Comme ils n'ont pas le choix en raison des lois linguistiques, ils apprennent le français à l'école, mais ils ne partagent pas le culture des francophones. Ils demeurent différents. Savez-vous que 50 millions d'Américains ont une autre langue que l'anglais comme langue maternelle? C'est énorme! Or, les politiciens américains ne s'y trompent pas. Ils se méfient des Hispaniques, des Asiatiques et des autres qui ne parlent pas l'anglais ou ne le parlent que comme langue seconde. Ils savent que ces non-anglophones ont une autre culture, mangent autrement et votent aussi autrement.
Parce que les faits ne correspondent pas à ce que aimeriez qu'ils soient, vous émettez sans doute des «réserves». C'est votre droit, mais, moi, je ne peux pas faire ça. Évidemment, au plan strictement personnel, je préférerais probablement que le français soit parlé par 500 millions de personnes, mais ce n'est pas ça. Si Jeanne d'Arc n'avait pas bouté les Anglais hors de France, c'est le français que les Anglais auraient parlé ensuite, pas l'anglais. Si Jeanne d'Arc avait perdu, les Anglais auraient conquis toute la France et l'auraient administrée et dirigée en français. Ils auraient conservé cette langue, ne l'auraient pas banni en devenant anti-français; c'est le français que les Anglais auraient ensuite exporté en Amérique, en Afrique et en Asie. Le roi Louis XV n'aurait jamais eu à céder la Nouvelle-France et, s'il l'avait fait quand même, cela aurait été à l'avantage de la langue française. Les États-Unis parleraient français aujourd'hui. Si Jeanne d'Arc a rendu un grand service à la France en boutant les Anglais hors de son pays, elle a malheureusement permis à l'anglais de s'imposer en Angleterre. On sait ce qui qui est arrivé ensuite. Mais on ne refait pas l'histoire!
Nous ne pouvons pas affirmer, comme ça, sans nuance, qu'il y a 200 millions de francophones dans le monde. Il faut préciser et dire ce que cela signifie ces 200 millions. Sinon, c'est de la mauvaise foi ou de la propagande. Lorsque j'indique dans un tableau le nombre des locuteurs d'une langue maternelle, je m'attend à ce que les gens comprennent «langue maternelle» et non «langue seconde». Vous, vous contestez le chiffres en me rapportant d'autres données qui couvrent une autre réalité. Vous semblez confondre «langue maternelle» et «langue seconde». C'est pourtant différent