onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

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pc2
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by pc2 »

PhD wrote:Bonjour,

Après quelques recherches, j'ai trouvé une page en portugais qui propose comme texte originel ceci :

Onisá aure! aunlaxé!
Onisá aure o béri oman, Onisá aure
Aunlaxé Babá, Onisá aure o béri oman.

et cette traduction en portugais :

Senhor que faz com que tenhamos boa sorte
Senhor que faz que sejamos grandes com encantamento
Pai que comprimenta seus filhos e nos dá boa sorte!

Je ne parle pas portugais, mais les traducteurs automatiques donnent une idée approximative du sens. Sans prétendre à l'exactitude, je propose ceci, qui a des chances d'être meilleur que la traduction proposée par l'éditeur de la partition :

Seigneur, fais que nous ayons de la chance,
Seigneur, grandis-nous par enchantement,
Père, accueille tes enfants et donne-nous de la chance !

Il est à noter que ceci est un chant dédié à Oxala, qui a été assimilé à Jésus-Christ (si j'ai bien tout compris).

Voilà, n'hésitez pas à améliorer l'information !

-- Philippe
salut,
ton réponse a été très informatif.
oui, Oxalá est associé à Jésus-Christ. des esclaves africains, au Brésil, ont "mélangé" sa réligion avec le catholicisme. c'est un "syncrétisme" (en pt., "sincretismo"). ils ont adopté les rituels catholiques, et ont remplacé le nom Oxalá pour Jésus-Christ et les noms des Orixás (divinités) pour les noms des saints. avec ça, ils étaient capables d'adorer ses divinités sans être punis. en autres termes, ils pourraient adopter le catholicisme sans cesser d'adorer ses divinités.
la traduction plus exacte du portugais utiliserait le pronombre relatif au lieu du vocatif (au lieu de "Seigneur, fais ...", "Père, acueille ...", on utiliserait "Seigneur que fait ...", "Père qui accueille ..."). aussi, en portugais il a "boa" ("bonne") avec "sorte" ("chance"): donc, ce serait "la bonne chance", au lieu de seulement "la chance":

Seigneur qui fait que nous ayons de la bonne chance,
Seigneur qui nous grandit par enchantement,
Père qui accueille tes enfants et nous donne de la bonne chance !

bien sûr, nous ne savons pas quelle forme (avec le vocatif ou avec le pronombre relatif) est plus fidèle à la chanson originale.
Merci de corriger notre français si nécessaire.
Paulo Marcos -- & -- Claudio Marcos
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Olivier
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by Olivier »

pc2 wrote:
PhD wrote:Onisá aure! aunlaxé!
Onisá aure o béri oman, Onisá aure
Aunlaxé Babá, Onisá aure o béri oman.
[...]
Seigneur qui fait que nous ayons de la bonne chance,
Seigneur qui nous grandit par enchantement,
Père qui accueille tes enfants et nous donne de la bonne chance !

bien sûr, nous ne savons pas quelle forme (avec le vocatif ou avec le pronombre relatif) est plus fidèle à la chanson originale.
On dirait que Seigneur = Onisá aure, à moins que ce ne soit Onisá tout seul, et Babá c'est très probablement père/papa via le portugais...
Alors le texte n'est fait que de 3 expressions en langue originale:
- aure
- aunlaxé
- o béri oman
et la traduction contient 3 expressions qui devraient correspondre:
- qui fait que nous ayons de la (bonne) chance / nous donne de la (bonne) chance
- qui nous grandit par enchantement
- qui accueille tes enfants
A voir à quel point la traduction portugaise est plus longue, il y a fort à parier que le sens est beaucoup plus simple dans l'original et que des significations/explications ont été ajoutées, peut-être via une traduction dans une autre langue que le portugais.
-- Olivier
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PhD
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by PhD »

pc2 wrote:ton réponse a été très informatif.
Merci ! :)

Merci aussi pour les informations sur le syncrétisme.
pc2 wrote:en portugais il a "boa" ("bonne") avec "sorte" ("chance"): donc, ce serait "la bonne chance", au lieu de seulement "la chance"
En français il n'y a pas de mauvaise chance, et donc l'expression bonne chance est une expression figée qui ne s'utilise que pour souhaiter à quelqu'un d'avoir de la chance, c'est-à-dire que le sort lui soit favorable. Ma traduction est correcte de ce point de vue-là.

En ce qui concerne le pronom relatif, j'ai cherché à imiter les textes liturgiques, et donc je l'ai volontairement remplacé par l'impératif. En français, une suite de propositions relatives ne peut pas former un texte complet, il faut une proposition principale, à l'indicatif ou à l'impératif.

Mais on peut peut-être coller un peu mieux au portugais :

Seigneur qui fais que nous ayons de la chance,
Seigneur qui nous grandis par enchantement,
Père, accueille tes enfants et donne-nous de la chance !


À part cela, j'ai eu l'idée de chercher à partir du texte en portugais, et j'ai trouvé cette superbe chanson sur YouTube avec une autre transcription :
Oní sé a àwúre a nlá jé,
Oní sé a àwúre ó bérì omon,
Oní sé a àwúre, a nlá jé Bàbá.
Oní sé a àwúre ó bérì omon.

et une traduction un peu différente :

Senhor que faz com que tenhamos boa sorte e com que sejamos grandes;
Senhor que faz com que tenhamos boa sorte, cumprimenta os filhos.
Senhor que nós da boa sorte e nos torna grandes,
Pai e Senhor, que nós da boa sorte cumprimenta seus filhos.
Olivier wrote:A voir à quel point la traduction portugaise est plus longue, il y a fort à parier que le sens est beaucoup plus simple dans l'original et que des significations/explications ont été ajoutées, peut-être via une traduction dans une autre langue que le portugais.
À suivre donc.

-- Philippe
Olivier
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by Olivier »

Trouvé sur Google books: un livre en portugais sur cet héritage traditionnel/religieux africain au Brésil, ici en langue yoruba du Nigéria actuel (le chant en question est apparemment dans la section non consultable même si la recherche Google l'a trouvé)
-- Olivier
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PhD
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by PhD »

Olivier wrote:Trouvé sur Google books: un livre en portugais [...] (le chant en question est apparemment dans la section non consultable même si la recherche Google l'a trouvé)
Idée géniale ! qui m'a permis de trouver cette transcription. Si je comprends bien, on a ici le texte en yoruba, sa prononciation figurée (mais je ne sais pas dans quel système) et la traduction en portugais.

On n'a jamais été aussi près de la solution ! :D
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pc2
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Re: onissawurê ? (langue amérindienne ou africaine)

Post by pc2 »

Olivier wrote:Trouvé sur Google books: un livre en portugais sur cet héritage traditionnel/religieux africain au Brésil, ici en langue yoruba du Nigéria actuel (le chant en question est apparemment dans la section non consultable même si la recherche Google l'a trouvé)
-- Olivier
en fait, ce chant est d'une réligion afro-brésilienne appelée "Candomblé" (lit "Candomblè" (l'"é" est un "e" ouvert)).
la langue yoruba (appelée "iorubá" ou aussi "nagô" en portugais brésilien) est une des langues utilisées au Candomblé (considérée comme sacrée).
c'est principalement la culture yoruba, au Nigéria, qu'a originé cette religion, mais il y a beaucoup d'autres cultures. voici ce que dit la Wikipédia en français (au article sur Candomblé):
À l'époque coloniale, les missionnaires catholiques brésiliens convertissaient les esclaves africains au catholicisme. Pour convertir avec plus de facilité les esclaves, l'église catholique pratiqua avec les esclaves ce qu'elle pratiqua partout : elle récupéra la religion ambiante pour y greffer des rites, des croyances et des notions chrétiennes de façon à progressivement tenter de rendre leur culte de plus en plus "catholique". Bien sur, il y avait plusieurs origines d'esclaves. Ceux d'origine du Nigeria provenant de l'ethnie Yoruba avaient gardé, comme d'autres, de leur religion d'origine beaucoup d'aspect, masquant à peine leur pratique. C'est ainsi que Jésus-Christ devenait Oxala, dieu de la créativité et fils de la divinité suprême Olorum et Omulu ou Obaluiae, dieu guérisseur des épidémies, correspondait à Saint Lazare. Un ensemble de couleurs, d'objets, de vêtements et d'aliments favoris distingue chaque orixa (ou chaque saint par association). Cette même ethnie Yoruba, non seulement "préférée" du point de vue des esclavagistes pour certaines considérations fondées sur des théories racistes, verra au fil des années son culte prédominer sur d'autres cultes d'origines ethniques différentes (notamment Bantou). Aujourd'hui on retrouve cette prédominance dans le continent américain entier (Caraïbes, États-Unis), avec une volonté de "purification" de toute influence extra-africaine.
Bien que toutes les cultures d'origine africaine du continent américain s'uniformisent aujourd'hui autour de la culture Yoruba, les esclaves brésiliens appartenaient à différents groupes ethniques, incluant les Yoruba les Ewes, les Fon et les Bantou. L'évolution semi-indépendante de leurs religions, dans des régions différentes et parmi des ethnies variées, a permis une diversification des noms des divinités vénérées, des coutumes, de la musique, des vêtements liturgiques et du langage sacré utilisé dans les rites et les cérémonies.
Merci de corriger notre français si nécessaire.
Paulo Marcos -- & -- Claudio Marcos
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