
Ahlàlà, me dérange en pleine correction de bac pour un banal problème de disjonction syntactique... Oui, bon, d'accord, j'adore ça.
On appelle disjonction le fait de traiter phonétiquement un mot commençant par une voyelle comme s'il commençait par une consonne. C'est ce qui se passe régulièrement
- Avec les h aspirés (encore faudrait-il s'entendre, il est vrai, sur la liste exact de ceux-ci. J'ai remarqué récemment que la SNCF avait, dans sa voix officielle, renoncé au "Ce train comporte des aménagement pour les handicapés" (qu'elle prononçait aspiré) au profit de "... pour les personnes à mobilités réduites" ; fatigué de recevoir des lettres de protestations sans doute).
- Avec les semi-voyelles, sauf quand ça n'est pas le cas. Je m'étais fait gronder par un directeur de recherche pour avoir écrit "le hiatus" au lieu de "l'hiatus" (y'a pas de hiatus dans l'hiatus !). Magnifique étude linguistique dans
Le Petit Nicolas quand ce dernier veut faire germer un haricat dans de la ouate, où toutes les personnes qu'il croise successivement lui expliquent qu'il faut prononcer "la ouate" ou bien "l'ouate" contrairement à ce que disait le précédent.
- Enfin, avec un certain nombre de mots qui commencent par des voyelles d'avant, qui ont une tendance presque naturelle à dégager un "coup de glotte" si bien connu des germanistes ; de fait, on ne dite pas [õz] mais [?õz], et oui bon d'accord, c'est le bordel. Le uhlan ou l'uhlan ? L'ululement ou le ululement (d'aucuns mettent un h qui règle le problème).
Pour "onze" et ses composés, Grevisse §50b2 note qu'il y a généralement disjonction : "il reviendra le onze, le rendez-vous du onze, la onzième heure". Mais on dit "il est_onze heures" et "dame-d'onze-heures" qui est une plante. Et de-ci de-là, on trouve des contre-exemples.
C'est la même chose pour "huit" et "un", dans des proportions différentes. Phonétiquement, les monosyllabes ont une place à part dans la langue, et sémantiquement, les numéraux sont aussi bizarres. Il n'y a qu'à voir l'orthographe archaïque de cinq (pas de u !), sept (p muet), dix (x = [s]), ou même "treize" avec son z là où nous mettrions un s. 70% de mes copies de bac écrivent "les quatres documents".
La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes (Montaigne, II.12)