NOTES EN BULLES
Booboooooo!
Quelle nuit les amis! Des copains et copines m'ont invité à aller "dans l'vieux" (le vieux Montréal) à une soirée de fin de bac pour trois copains. C'était gentil. Mais un peu trop arrosé. Et, si vous ne me croyez pas vous demanderez à leo : l'alcool et moi on fait pas bon ménage! (Il sait : je le lui ai dit.) Passé deux ou trois verres je ne voulais plus mais on insista "Y faut
ABSOLUMENT que tu goûtes à ça. Dé-li-ci-eux!" Ça ressemblait à un verre de lait de poule et ça avait l'odeur d'une station-service. Ça avait bon goût cependant. Mais trop d'alcool : ça cache et ça gâche tout. Pour quelqu'un comme moi qui n'en consomme pratiquement jamais et qui, quand il en consomme c'est au compte-goutte, trop d'alcool dans un breuvage qui a un goût subtil c'est comme un solo de trompette ou de bombarde dans une berceuse (sujet qui avait déjà été discuté d'ailleurs). Ensuite y avait une autre liqueur qui, celle-là, c'est le top du top : faut que tu goûtes à ça! Et ainsi de suite. Ajoutez qu'avant, on avait englouti un copieux repas... J'étais rempli comme un boudin et comme une citerne à la fois. Non, je ne conduisais pas au retour.
Mais je ne me sentais pas bien. Y avait d'étranges phénomènes dans mon ventre. Et ça se développait. Bobo. C'est comme si j'avais des aiguilles dans le ventre. Vraiment pas confortable! De l'alcool (quantité laboratoire de chimie industriel), de la crème riche et du sucre à profusion... demandez à Leelou, à Svernoux, à Maïwenn, leo et autres habitués des fora de recettes, certain(e)s pourront vous dire que c'est pas trop santé. Vous pouvez le demander à mon ventre aussi, il vous répondra 5 sur 5 (sous zéro, évidemment!). J'avais pas trop de problèmes à me tenir debout et à aller où je voulais dans mon appart (y a toujours un mur à proximité) mais j'avais des GROS problèmes à marcher, me tourner, me pencher... bref tout mouvement enfonçait les épingles et les aiguilles dans mon ventre. Pas confortable...
J'avais pas envie de vomir, je n'avais pas mal à la tête (pour ce qu'il en restait, de toute façon...). Alors je décide d'aller dodo : mon bon vieux corps en a vu d'autres, faut donner le temps que ça descende, demain ça va aller mieux et tous ces proverbes dont on abuse pour se donner espoir quand c'est pourtant évident que la fin du monde est proche. Alors je me prends une grosse et grande doudou (je ne sais pas si cette expression est familière en Europe ; c'est une "douillette", une "couette", une couverture épaisse et chaude ; la mienne n'est pas lourde étant fourrée de fibres synthétiques et contenant 95% d'air qui est un excellent isolant calorique), je la dépose sur le lit, m'étends dessus et la replie sur moi. Et dodo dans la doudou.
Mais non, pas dodo : bobo. Si je me couchais à droite les épingles me faisaient mal à droite, idem pour la gauche. C'est grave, la gravité. De sorte que j'avais attrapé la pitourne : pis tourne d'un bord pis tourne de l'autre. Et chaque fois que je me tournais, y a la doudou qui se déroulait et cherchait à prendre des vacances. Bon : je la ramasse par terre et la remets sous et sur moi, m'enroule dedans et dodo. Euh... pas ce côté-là ça fait mal. Je me tourne du côté du mur. La doudou en profite pour se dérouler surtout là où mon corps était plié. De sorte que j'avais un peu froid à la première lettre du Québécois.
Mais bon : dans l'état où je suis, c'est pas ça qui m'empêchera de dormir. Du moins je le croyais. Je me détends, je ne bouge SURTOUT pas (le moindre mouvement était un martyr : sûr sûr que saint Pierre va m'accepter en entrant), je détends mes pensées et ça vient. Je vais commencer à dormir. Mais soudain il y a un petit bruit dans ma chambre. Ça faisait cliclicliclic cliclicliclic... Comme s'il y avait un animal qui marchait sur le plancher de bois avec des griffes. Bon c'est quoi ça???

Je me retourne pour voiAAOUCH!!! Ouyouille! Faut surtout pas faire de geste brusque! Et la doudou en profite pour aller voir si le plancher est bien ciré. Bon : je me retourne 10° ou 20° à la fois, faisant des "AOW", des "Ouille", des "Gnnhhh"... Puis j'allonge le bras pour ramasser ma doudou et ...je me retrouve nez à nez avec un gros chat jaune! Euh...

Je dois vous dire que, n'ayant présentement pas de chat, surtout pas jaune et de cette grosseur là, c'est pas fréquent dans ma chambre ça à 01:00 du matin... On se regarde. Il n'a pas l'air méchant. Au contraire, il est même bien sympa. Il me dit d'une voix agréable et amicale "Punaise! Ça n'a pas l'air d'aller, Anu!". Surpris, je me redresse "YAAAAAAAARRRRRRRRGGGHHHHHHH! YAOUCH!" et je retombe (comme vous l'aurez sans doute compris). La tête dans l'oreiller et au bord des larmes je réplique "Nan ça va pas! C'est gentil d'être venu leo mais si tu permets, on se reparle demain". Le gros chat sympa répond "Purrrr" et baisse la tête pour dormir près du lit. Bon : et moi je ramasse ma doudou qui était par terre. Et je ramasse ma doudou qui est par terre. Et je ramasse euh... "Leo, j'peux-tu ravoir ma doudou s'il-te-plaît?" Rrrr? Il se tasse et je me ré-enroule dans ma doudou avec des Aouch, grrgngngn, Ho-ho-ho-how! Je me re-re-tourne côté mur et cette fois, qu'est-ce qu'on va dormir les aminches!
Tshii tshii tshii... C'est quoi ça? Bon : c'est leo qui respire. Dodo! Je me re-détends (enfin j'essaie), je vais enfin dodo lorsque Tshii tshii tshii derechef. C'est pas un bruit de respiration ça! Keskya encore??? J'ouvre un oeil : non je ne fais pas ouch, je n'ai pas mal aux yeux ; mais étant tourné côté mur je ne vois pas grand chose que le noir qui poudroie et le mur qui muroie, ma soeur Anne. Je me ret... non je ne me retourne pas : je fais encore Yaowtch! Leeeennnteeeement je parviens à regarder dans la chambre (et à dérouler la doudou). Une girafe! Une girafe dans ma chambre??? Ce sont ses antennes qui font Tshii tshii tshii contre le plafond quand elle bouge la tête. Bon là je comprends que, quand je vais me détendre et finalement pouvoir m'endormir elle va faire Tshii tshii tshii... , ce qui va me réveiller ; je vais me rendormir et elle va faire Tshii tshii tshii... Je lui demande "Sisyphe, pourrais-tu plier tes pattes s'il te plaît pour dormir?" Je me tasse péniblement sur le bord du lit et cherche ma doudou. Elle n'est pas là. Je regarde tout le plancher : pas de doudou du tout partout. Bon : j'allume OUCH!!! la lampe de chevet (jusqu'ici je voyais dans la chambre à la lueur des lampadaires de la rue qui entre dans ma chambre (la lueur, pas la rue)) pas de doudou sur tout le plancher, même sous leo. Bon : va falloir que je me lève pour la trouver! Je suis complètement réveillé maintenant. J'essaie de me rassoir A-ou A-ou A-ou! Je veux demander à Sisyphe s'il ne la verrait pas du haut de sa... et m**** il s'en est fait un foulard! À ma demande il penche la tête, je repraouch! ma doudou, j'essaie de l'enrouler autour de moi (re-ouch, re-ow, re-larmes) et j'allonge le bras pour éteindre la lampe de chevet et ça passe presque sous mon nez!
Bon keskecé encore! Je vais me ramasser avec un zoo dans ma chambre moi! C'est joli! Et tout léger. Et de toutes les couleurs. Oh le beau papillon! Dans ma chambre il tournoie devant mes yeux qui dansoient... Il passe devant ma bibliothèque et les livres s'envolent au vent de ses ailes. Il passe près de la porte de la chambre et j'entends, dans la cuisine, le four à micro-ondes tomber par terre. C'est ça qu'on appelle l'effet papillon : d'un battement d'ailes près des neiges du Kilimandjaro, dit-on, un papillon peut causer un ouragan dans les Caraïbes : d'un effleurement des pentes de l'Everest il peut causer un cyclone en Polynésie. C'est pour ça qu'en Océanie, juste avant un cyclone, le ciel prend toutes sortes de couleurs. Il passe tout près de moi. Pauvre petit animal! Son corps est tout blanc, couvert de la poudreuse du Kilimandjaro et du givre de l'Everest! Il est tout pâlot! Chryso pâle! Passant près de moi, ses ailes glacées m'envoient un tourbillon et je me sens congelé. Jusqu'ici, sans ma doudou, je n'étais que gelé. Ce tourbillon (l'effet papillon quoi) dans ma tête se transforme en tornade pour passer dans la gorge puis en cyclone pour traverser ma poitrine et mon ventre (ce qui fait bouger les aiguilles ouch!) et mes jambes et mes pieds alouette. Bon c'est pas tout ça : il faut que je dorme moi! Je n'ai pas encore fermé l'oeil de la nuit et il va bientôt faire jour : malsain pour un noctambule, ça! Où est ma doudou? Sis? Non : il ne l'a pas au cou. Pas sous leo non plus. Bon : il va falloir que je me lève pour essayer de la trouver. A-aowtch! En larmes, je me rassois dans mon lit. Tiens, leo, la girafe, le papillon et ma doudou ont disparu. Dehors, il commence à faire clair. Déjà l'aube éclaire le gazon bleu, blanc et rose devant ma fenêtre. Ça veut dire qu'il est vraiment temps que je commence à dormir moi! Je regarde chaque centimètre carré du plancher, sur les meubles, sous les ouch! Je me sens de plus en plus désespéré : il me faut ma dou... bleu blanc et rose??? Je retourne à ma fenêtre, étire le bras et récupère ma doudou qui était là dans le gazon parmi mes papiers d'université et autres choses soulevées par Chryso (le frigo par exemple).
Bon! Tout seul. Je vais
ENFIN pouvoir dormir! C'est pas que je les aime pas leo, Sisyphe et Chryso, mais dormiraient-ils au grand soleil miroitant avec de la pluie pour faire un arc-en-ciel dans leur chambre, eux??? Bon : je m'enroule dans ma doudou. BRRRRRR!!! Frrrroide! Dégoutante de rosée du matin! Ah et puis m**** ; j'en peux pu-hu-hu-hu! Chui épuisé! Mon corps finira bien par la réchauffer. Je me recaooutch!!! J'essaie de trouver une position où je tremble moins. Tourné côté mur pour que la clarté du jour ne m'empêche pas de m'endormir enfiiiiiiiiiiiin! Je me sens tout raide. Ça doit être pour ça que la voix m'a dit de me détendre. Je ré-ouvre les yeux, pour la nième fois (eh oui : encore le mur qui muroie. Mais il n'y a plus de noir maintenant). Quelle belle voix!!!! Mmmhhh ; j'en rêve encore! Toute chaude (ce qui est bienvenu dans les circonstances), toute tendre, belle voix de jeune fille et de femme mature à la
voix fois. Je me ret-AH-AHOWWWWW! Pourtant je devrais savoir maintenant : pas de geste brusque!!! La voix me dit "Tout douououououou.... Ne sois pas brusque avec ton corps. Laisse-moi faire : je vais te détendre avec un bon massage thaïlandais". Et elle déplace ses mains chôôôôdes sur mes épaules...

. Rrrrrrr.... Mais j'ai un peu froid (ma doudou cherche toujours à se faire la malle). Elle, par contre, elle a chaud. Alors elle enlève sa blouse pour la mettre sur moi. Pendant qu'elle l'enlève, je jette un coup d'oeil. Pour savoir où est passé ma doudou. Et je la vois (non : pas la doudou). Je sursaute AAAAAHHHH-HAAA-HAAOOWWWTCHHH!!! (bin oui : pas de geste brusque ni de sursaut, quoi!). Entre mes larmes de douleur je m'écrie
MAÏWENN???????? Mais qu'est-ce que tu fais ici??? "Tss tss tss" dit-elle (ce qui me rappelle vaguement la girafe) ; "On se détend! Cool! Laisse-toi faire, là! Zen!" Je veux bien moi. Sa blouse chaude donne de la chaleur à mon dos. Mais, ne trouvant plus ma doudou, j'ai froid au... euh... ailleurs. Et elle, elle a encore chaud. Alors elle enlève sa jupe. Pour me la mettre ...ailleurs. Et moi je profite de ce temps pour regarder. Pour essayer de voir où est passée ma doudou. Et là :
QWAAA??? Aoutch (vais-finir par m'en rappeler qu'il ne faut pas de geste brusque?) C'est une ladyboy!!! Bon : ça finit par arriver quand on fréquente des thaïlandais, je présume... "Mais tu n'es pas Maïwenn!" dis-je! "Non" dit-elle (ou il?), "je m'appelle Ratsuda." (Je ne sais pas vraiment si c'est un nom thaï, ça!) "Bon Ratsuda, laisse-moi dormir je t'en prie : je n'en peux plus!" J'ai mal partout. J'suis épuisé. Je pleure le visage dans mon oreiller. J'éteins la lampe de chevet. Et, de la main, je cherche ma doudou. Ah : j'en touche un coin et je la tire sur moi. Ahhhh enfin : tout chaud. Je sens que je vais dormir looontemps loooongtemps looooooooooongtemps

. D'autant plus que la doudou s'est presque placée toute seule : je n'ai plus froid du tout. Je ne sais pas pourquoi cependant, elle me semble un peu lourde. L'épuisement certainement! Et puis je ne me sens pas en forme pour poser des questions ce matin! Je ferme les yeux. Aaaahhhhh ça va être boooon! Et je m'endors enfin! (je commençais à ne plus y croire, moi!)
Drrriiiing!
AH NON! 
Pas le réveil-matin maintenant! J'allonge la main pour l'éteindre. J'accroche la lampe de chevet au passage. Ah bon... tant pis! Je l'aimais pas tellement cette lampe-là de toute façon. J'ai de la difficulté à bouger, ma doudou me semble vraiment lourde. Ah non pas ça : ça c'est mes lunettes. Et là, ça c'est la radio. Euh... bin c'est vrai ça : je n'ai pas de réveil-matin moi : j'ai un réveil-radio. Et ça fait pas "Drrriiiing!" un réveil-radio... Re-drrriiiing! Allons bon : keskispass encore??? Bon : je vais devoir me re-lever. D'une main je tire la doudou qui tombe sur le plancher en faisant
Boum! Ah bon : c'était pas la doudou : c'était la ladyboy...
Je me lève (oui : aouwtch derechef) Je cherche ma doudou. La ladyboy et la doudou ont disparu. Alors je la cherche (la doudou). Pas sur le plancher, ni sous les meubles, ni sur les meubles, pas sur le gazon comme tout à l'heure... Re-re-drrriiing! Ah bin là, cette fois, je ne rêve pas. C'est la porte. Y a quelqu'un à la porte. À 06:00 du matin???? Allons bon : je suis dans toute la beauté que Dieu m'a donnée. (Cessez de rire!!!

Ce que Dieu fait est bien fait!!! Non mais...) Néanmoins, c'est un spectacle que je préfère réserver à quelques intimes. Mon miroir de salle de bain par exemple. Bon : faut que je mette un pantalon moi. Chui pas tout là... Ah : il y en a un là : je l'enfile et vais répondre à la porte : "Bonjour" C'est un homme en uniforme. "Anuanua?" "C'est moi" dis-je. Mais il ne dit plus rien : il regarde mes jambes avec fascination... Je regarde... Et m**** : j'ai enfilé un chandail! "Bon", dis-je essayant de faire comme si de rien n'était, "que puis-je faire pour vous?" "Hein? Euh.. ah oui! Euh... est-ce à vous cet objet?" Je regarde : "Ma doudou????? Comment se fait-il que vous ayez ça vous?" "Je suis agent de Douanes Canada. Nous l'avons interceptée à la frontière. Elle n'avait pas de passeport en règle, alors vous comprenez qu'on ne peut pas la laisser passer." "Je comprends parfaitement" dis-je, "et vous avez bien fait. Je vous en remercie." Il repart et je rentre. Je dépose la doudou sur le lit et m'empresse de cadenasser la porte et la fenêtre. Puis je reviens vers la doudou "À partir de dorénavant jusqu'à désormais tu restes ici, toi!!!"
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Bon : il fait clair maintenant. et je ne suis plus capable de dormir. Alors je viens vous partager cette nuit éprouvante. Comme disait mon poète préféré
Paul Géraldy wrote:Je reviens comme au port à ma table éprouvante. La page que j'écris, à qui vais-je la tendre?
Voili voilou voilà. Je dois vous dire que je suis particulièrement fier de moi ce matin. En effet, j'en connais qui, après une soirée comme hier, auraient eu les pensées embrouillées, auraient éprouvé une certaine confusion. D'autres auraient pu s'imaginer des choses irréelles : croire qu'ils ont vu un éléphant ailé par exemple.

Ou même un chameau qui parle le grec antique (si si, ça arrive, je vous le dis! Sisi), Moi j'ai pu demeurer lucide même si je n'ai pu ni fermer l'oeil ni même avoir droit à un petit rêve pendant toute la nuit.
Il y a cependant encore quelque chose qui me tarabuste. Comme une confusion qui demeure. Une question existentielle fondamentale qui demeure sans réponse. Si quelqu'un pouvait m'y aider, ce serait vraiment super-gentil! C'est une question fondamentalement nécessaire dans la vie. Car cette question m'empêche de vraiment pouvoir être ici maintenant, de bien me situer...
Quel jour est-on?