Maïwenn wrote:Confusius aurait dit ça ? Ca m'étonne ! Je ne suis vraiment pas spécialiste en philo orientale, mais j'avais l'impression que le respect de l'autorité et l'obéissance aux parents venaient de lui.
Eh oui, tu as raison! Et ceci illustre bien l'incompréhension dont ont souffert les pensées de nombreux philosophes (je parle des vrais philosophes, ceux qui aiment la sagesse). Selon le peu que j'en connaisse (je ne suis pas expert en culture chinoise, très loin de là! Les cultures polynésiennes me donnent déjà amplement de quoi m'occuper!), Kung Fu Tzu aurait été très mal interprété, parfois à cause de simple confusion (sans jeu de mots!) dans l'interprétation de ses aphorisme et questions, mais aussi, et peut-être plus souvent, à cause d'une confusion volontairement implantée par des adversaires traditionalistes à sa pensée. À mes yeux il présente plusieurs ressemblances avec Siddharta Gautama (le 7ième Bouddha). Les deux ont fondé une école de pensée 100% humaniste et non théiste (je ne signifie pas par là que ces doctrines prétendent qu'il n'y a pas de dieux ou de Dieu, mais plus simplement que leur enseignement ne concerne pas du tout la ou les divinité(s)) ; ils allaient à l'encontre de la pensée religieuse dominante de leur époque, les deux ne voulaient absolument pas être perçus comme divinité (ou incarnation de la sagesse, ou Lotus, ou Avatar etc.) et ont pourtant été divinisés ...par leurs adversaires! Subséquemment, le confusianisme autant que le bouddhisme ont été érigés en religions nationales et l'un comme l'autre ont été élevés comme étant surhumains ou divins.
Oui Kung Fu Tzu a promu l'obéissance des enfants aux parents jusqu'à leur mort, le respect des aînés et des traditions antiques, incluant une soumission aux autorités politiques (le Prince). Cependant, ce respect, tel que préconisé dans ses aphorismes et surtout ses questions, n'exclut pas que le fils et le citoyen ont le devoir d'élever de sévères remontrances au père ou au Prince si ceux-ci dévient du chemin droit du sage. Ceci lui a d'ailleurs valu, à lui et certains disciples, d'être bannis par le Prince pour avoir osé le critiquer alors qu'il se laissait aller à une débauche d'harem et de bonne chère pendant que le peuple, délaissé, menaçait de sombrer dans une guerre civile. Pour Tzu, le respect des aînés est 1° un apprentissage de la sagesse que seuls l'expérience et l'âge donnent et 2° une reconnaissance envers ceux qui ont laissé un héritage au peuple. (L'Occident du XXIième siècle aurait beaucoup à apprendre sur ce dernier point!)
Cependant, Tzu a d'abord et avant tout préconisé l'auto-apprentissage guidé par le Maître. Quand on lui posait une question, il répondait souvent par une question. C'est lui qui a insisté que
Kung Fu Tzu wrote:Rien ne sert d'étudier la réponse à toutes les questions : il est beaucoup plus utile de savoir poser la bonne question.
il disait de sa façon d'enseigner que
Kung Fu Tzu wrote:Je soulève un coin du mystère ; si le disciple ne peut soulever les trois autres tant pis pour lui.
Il insistait pour développer l'esprit critique, mais toujours dans le respect de l'opinion d'autrui, et surtout des aînés cependant.
Il fut chargé de l'éducation de princes (sans P majuscule : c'étaient encore des enfants ou ados), tout comme Aristote. Mais la comparaison s'arrête là. Il fut immensément plus humble que son équivalent(???) grec, jamais il n'a méprisé le peuple ni proposé des castes de "noblesse" pour les dirigeants, il a promu une participation démocratique au processus décisionnel royal (ce qui le distingue énormément d'Aristote qui voyait toute forme de démocratie comme le pire fléau psosible en politique), et son enseignement est considéré comme une des principales causes de la stabilité de l'Empire Céleste pendant deux millénaires, ce à quoi ne peut certainement pas prétendre la Cité grecque aristotélicienne!
Alors oui Maï, Kung Fu Tzu a promu la liberté de pensée pour la jeunesse
ET le respect et l'obéissance aux aînés. En remettant les choses dans leur contexte, on évite la réaction de la révolution communiste chinoise qui voulait endoctriner la jeunesse pour l'asservir (et qui a écartée "Confusius" de son chemin et faussé son enseignement, comme l'Hindouisme a faussé le bouddhisme pour le récupérer) et on retrouve ce qui me paraît (je parle en
mon nom) un très sain équilibre entre la dépendance nécessaire des enfants envers leurs parents et les devoirs des parents comme éducateurs d'une part, et le fait que ces éducateurs doivent promouvoir l'indépendance graduellement acquise ("graduellement", et non par fugue ou révolte) des jeunes, indépendance toute aussi nécessaire puisque les jeunes survivront à leurs éducateurs.
De plus, si le jeune apprend par ses propres expériences, guidé par l'aîné, il développe un bien meilleur sens de la réealité, ce qui prévient ...la confusion!