La question me paraît mal posée : aucun système évaluatif n'est bon ou mauvais, le problème est de savoir de quelle matière et surtout de quelles étudiants l'on parle.Dada wrote:Moi j'étais plutôt contre quand j'étais étudiant car ça veut dire plus de boulotleo wrote:je viens de lire que les Universités vont passer de l'examen semestriel au contrôle continu dans certains domaines, qu'en pensez vous ? moi je suis pour, pourquoi pas généraliser ?(plusieurs exams dans le semestre contre une seule semaine de révision tout à la fin...)
D'abord, dans un monde pédagogiquement parfait, l'évaluation concerne autant l'étudiant (de façon sociale : prouver sa valeur = décrocher le diplôme) que l'enseignant (de façon docimologique : savoir où en est son groupe). Les deux sont nécessaires.
Ensuite, certaines manières supposent intrinsèquement le bachotage, l'accumulation et la répétition : c'est le cas des langues, vivantes ou mortes. En grec, j'ai passé mes années de prépa à alterner "version + 30 mots de voc" les semaines paires et "un chapitre de grammaire de quinze pages + 10 verbes irréguliers" les semaines impaires, avec une note pour chaque à chaque fois. Sexuellement, ça tenait du SM ; mais, nom d'un martinet, ça marche ! En revanche, un cours de deuxième cycle, sur un élément ponctuel d'histoire ou de civi par exemple, en relation avec les recherches du profs, c'est strictement accumulatif ("on perce un trou dans la tête, on met un entonnoir et on bourre") : ça peut s'évaluer en une fois.
Enfin, certains étudiants sont capables d'une parfaite autonomie : apprendre soi-même son voc sans qu'on vous demande rien, se faire soi-même des fiches de grammaire, etc. L'illusion totale de l'université française actuelle, c'est de faire semblant de croire que les étudiants de 18 ans et demi sorti de leurs lycées massifiés en sont capables. D'où l'admirable "sélection par l'évacuation" (en gros 70% d'échec en premier cycle) tacitement pratiquée : les facs sont bel et bien pires que les prépas.
Mais encore une fois : pour l'instant, on ne prend à l'université que des décisions budgétaires. L'étudiant n'est pas un "objet de pensée" pour l'université. Beaucoup d'universitaires considèrent que les étudiants les empêchent de faire leur recherche ; et pour être juste, beaucoup d'étudiants considèrent que les enseignants les empêchent d'avoir mécaniquement leurs diplômes. C'est là le consensus pervers.
ceci dit je suis admiratif du gars qui a décidé de redoubler sa Terminale, il avait un bac mention "bien", veut le refaire pour "très bien" et 16,5 de moyenne générale, pour intégrer une prestigieuse prépa à Strasbourg et ensuite Supaéro... chapeau bas mon gars, manquerait plus qu'une jolie jeune fille lui tombe dessus et c'est foutu

Ce point de détail mis à part, ce genre de situation se produit chaque année : je suis partagé entre le respect sincère, en tant qu'enseignant, pour le désir de s'améliorer même quand on est déjà bon (j'ai la médiocrité en horreur, désolé : je préfère la gamine de banlieue à 8 qui sue et tire la langue pour arriver à 8,5 au gosse de riche qui se la coule douce à 11 pour avoir la paix sociale avec les profs et les parents) ; et le sarcasme méprisant - comme Elie - envers la bêteàconcourisation.
Sur les prépas, je suis schizo : je concède que le système est problématique, mais elles m'ont fait pour le meilleur et pour le pire (qui a dit "surtout le pire" ?Si un Bac mention bien ne suffit pas pour bien partir dans les études, quelles qu'elles soient, moi aussi je deviens triste.
Le système des prépas me dégoûte au plus haut point. J'ose avouer que ce ne sont même pas les plus intelligents qui y vont. Une bête à concours est avant tout... une bête.

*onomatopée de barrissement* (tiens, c'est vrai : le chat fait miaou et le chien ouah-ouah, mais il fait quoi l'éléphant ?)