(Littré)Le terre-plein d'un rempart, le terrain occupé par un bastion, par une courtine.
"Contemplez dans la tempête Qui sort de ces boulevards..." [Boileau, Odes, 1]
Ce terme n'est plus en usage dans le langage des ingénieurs militaires.
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Par extension. Place forte qui met un pays à l'abri de l'invasion des ennemis. Malte fut longtemps le boulevard de la chrétienté contre les Turcs.
Par analogie.
"Les montagnes de Norvège sont des boulevards admirables qui couvrent de ce vent les pays du Nord". [Montesquieu, L'esprit des lois]
Fig. L'union des citoyens est le plus sûr boulevard de l'État.
D'où ensuite le sens signalé par Latinus d'où le sens large, si j'ose dire, de "grande rue". J'aurais tendance à penser que les "vieilles" villes, celles qui, comme Marseille, ont effectivement eu des remparts dont la mémoire populaire garde le souvenir, auront tendance à garder une toponymie plus proche de l'étymologie.
De toute façon, pour ce qui est des "odonymes", je crois qu'il y a toujours un combat entre le sens originel et la perception populaire. Prenez "zone" : étymologiquement, c'est une ceinture (cf. le zona, qui vous entoure de boutons). La "zona nullius aedificandi", à Paris, c'est d'abord l'espace circulaire autour des remparts où il était interdit de construire en dur... Laquelle s'est petit à petit transformée en séries de bidonvilles. D'où la valeur péjorative (zoner, zonard...) qui s'applique à tel ou tel section de cet espace circulaire. De ce fait, le mot "zone" a été pris dans le sens de "portion de quelque chose", sans plus de référence à la circularité. Au point de pouvoir écrire aujourd'hui "zone circulaire", qui est un pléonasme étymologique (mais pas pire que "'aujourd'hui").
D'une certaine façon, c'est un problème "sorique" : à partir de combien de mètres une rue doit-elle devenir une avenue ? Il y a des rues lyonnaises à 2x4 voies, par la grâce de Pradel et des bétonneurs des années 70 ; je crois que la différence repose plutôt dans la perspective que dégage les "vraies" avenues (comme les prospekti russes). Sans parler des "cours" (cours Gambetta...), pur "italianisme" local...