A Leo, sur le début et la fin, l'infini et toutes ces choses:
Je vous recommande la lecture de la Somme contre les Gentils de Thomas d'Aquin.
On peut fort bien voir les choses ainsi: il n'y a rien avant le début, tout simplement parceque le temps commence avec le début. aristote était déjà d'avis que le mouvement est au coeur de la définition de l'étant. La théologie catholique définit Dieu comme éternel (et non comme infini) et, surtout, comme premier moteur immobile. Premier moteur, puisqu'il est le dieu créateur, et immobile car, sinon, il y aurait, comme vous le dîtes, une chaîne infinie, et un créateur de Dieu. Or, il y a forcément un premier mouvement quelque part, et il ne peut avoir d'autre source que le hasard ou un moteur immobile. Le hasard doit être exclu, puisqu'il se "produit", or rien ne eut se produire avant le temps (puisqu'l n'y a pas encore d'avant)... D'où la nécessité d'un premier moteur immobile éternel, que nous appelons Dieu. Cette éternité fonctionne de pair avec l'éternité, puisque ce qui n'est pas en mouvement n'est pas dans le temps, et avec sa perfection, puisque le mouvement est une succession d'accidents qui viennent modifier (perfectionner?) l'étant. Or, Dieu ne peut recevoir d'accident, il est donc parfait. D'où la définition du mal comme défaut d'être, etc.
D'ailleurs, je ne vois pas où vous avz lu que les particules qui nous composent disparaissent? J'en étas resté à Lavoisier (rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme) ?
De même que Dieu échappe à la catégorie du temps, il échappe à la catégorie de la matière, donc du lieu. Le chercher dans l'univers serait comme, pour un ordinateur, de se demander dans quel programme, sur quelle carte est inscrit l'homme.
Donc, oui, avec Dieu on explique tout (ou presque). Mais est-ce une volonté ou un constat?
Maintenant, venons-en au concret, qui n'a plus grand-chose à voir avec la foi ou la doctrine.
Sur la richesse, donc: il ne faut pas oublier que, si les religions ont considérablement oeuvré à soulager la misère humaine, à instruire les peuples, etc. elles ne se limitent pas au secours catholique et aux frères des écoles chrétiennes! (une fois de plus, je parlerai du catholicisme, parce que c'est la religion qui m'est la plus familière) Il faut donc voir la richesse comme volonté et comme effet. Comme effet, d'une part, parce que les hommes ont parfois besoin de se sacrifier (et il semble inscrit dans la nature humaine que sacrifier son avoir est difficile) pour se approfondir leur foi. Serait-il juste de refuser cela aux fidèles? Ensuite, si ces richesses ne prennent pas forcément le chemin du réseau social de l'Eglise, c'est aussi parce qu'on en fait de l'art ou, au moins, de belles choses, ce qui n'a pas qu'une raison esthétique. En effet, une vieille idée, qu'on pourrait faire remonter jusqu'à Platon, veut que la contemplation du Beau puisse nous "élever". Etant croyant, c'est une expérience que je fait souvent avec la musique, la peinture, l'architecture ou la sculpture.
Tout ceci ne me fait pas oublier qu'il y a (et qu'il y a eu) des abus, et l'histoire des religions me rappelle le nom d'hérésies nombreuses contre lesquelles l'Eglise a dû réagir.
La même chose vaut pour les croisades qui, pour beaucoup, méritent un détour historique:
- si l'on exclue la doctrine augustinienne de la conversion par la force (qui est oubliée depuis le Moyen-Âge et ne joue donc qu'un rôle marginal)
- si l'on exclue les "croisades" économiques (en particulier au profit des villes italiennes), où la religion n'était qu'un prétexte (et dans ce cas, les questions sont: n'aurait-on pas trouvé un autre prétexte, s'il n'y avait pas eu l'Eglise? Et, peut-on imaginer une société sans religion?)
- si l'on exclue les guerres de "libération", déclenchées par l'interdiction faite aux chrétiens, pendant certaines périodes, d'accéder à leurs lieux saints (la liberté d'exercice du culte n'est-elle pas importante, une sorte de corollaire de la iberté d'expression?)
il reste surtout la volonté, puisque l'Eglise, malgré dix bons siècles de propagande anti-guerre et d'interdits divers, n'était pas arrivée à y mettre fin, de tourner les armes chrétiennes contre un objectif commun plutôt que de se déchirer. Ce n'était sans doute pas idéal, mais que pouvait-on faire d'autres?
Il faut aussi se pencher un peu plus sur les autres reproches historiques:
- la conversion pour la richesse est, plutôt qu'un besoin de domination de l'Eglise, une volonté de domination de la part des Etats en question (il ne aut pas, non plus, surestimer le pouvoir de l'Eglise, surtout si l'on se souvient que certains évêques, n'étant que des hommes, ont pu comprommettre leur Eglise dans des entreprises qui n'étaient pas les siennes). La même chose vaut, à bien y regarder, pour l'inquisition: si, dans certains pays (et l'Espagne est célèbre) l'Inquisition a fait des ravages, dans certaines régions de France elle a surtout mis un terme aux bûchers arbitraires en réinventant l'enquête judiciaire (qui est toujours la base de notre justice). Le problème venait surtout de la confusion des pouvoirs spirituel et temporel.
Quant aux guerres de religion, elles sont plutôt des guerres civiles. L'époque où elles se produisent est, globalement, une période d'homogénéité dans les nations: l'inquiétude des souverains est légitime de voir une partie de l'autorité (une partie transcendante) leur échapper. Les guerres de religions ressemblent donc plus à une période d'affolement de l'histoire (et, une fois de plus, la société est-elle pensable sans religion?).
Si bien que votre dernière phrase ne me semble pas très convaincante: il ne s'agit pas (ou plus) d'imposer quoi que ce soit, mais de convertir, de bonne foi, pour le bien d'autrui (reproche-t-on au professeur d'enseigner ce qu'il croit juste? Est-il moral de ne pas vouloir ransmettre ce que l'on pense être la vérité? Y aurait-il, sans cette volonté, débat et, donc, progrès?). Et la phrase "pour mieux les assouvir" demande précision: dans les confidences de qui êtes-vous?
d'accord, mais qu'est ce que la Religion ?
L'organisation sociale de croyances collectives, je pense.