P..ain ! 3:16 Ne croyez surtout pas que je sois insomniaque...

<- si seulement
Il y a quelques mois, un excellent numéro spécial de courrier international sur les langues du monde est sorti
Très intéressant en effet
J'ai aussi lu le livre de Claude Hagège *Halte à la mort des langues*
Livre passionnnant en effet - j'y faisais tacitement allusion dans une précédente réponse. Il faut avoir cette modestie : le latin-grec a l'avantage d'être un mort-vivant ; certaines langues et cultures sont bien plus en péril.
En ce qui concerne le latin, je mets en cause la conception de son enseignement: étroite et sclérosée, tant en ce qui concerne les auteurs étudiés que leur réel intérêt (on matraque les rares latinistes avec les textes les plus abscons et les plus soporifiques de Cicéron).
'achement d'accord avec toi pour ce qui est de Cicéron ! Qui nous délivrera de ce monstre aux phrases insipides et aux propos niaiseux.
Serait-il normal que dans deux mille ans, si on cherche à étudier l'allemand, on se fasse une fixation sur la langue de Kant dans *critique de la raison pure*? On pourrait croire que le latin n'a existé que pendant une période très courte et n'a été utilisé que pour des usages très particuliers
C'est vrai, et je l'ai dit le premier : il y a bien autre chose que César ou Cicéron. Et encore les latinistes ont-ils la chance d'approcher la poésie (Catulle, Tibulle, Virgile - quand elle n'est pas censurée pour causes de bonnes moeurs...) ; les hellénistes, eux, sont condamnés à Isocrate.
Cela étant, je ne suis pas sûr que le latin "populaire" (à défaut d'être parlé) de Plaute ou Pétrone, et a fortiori le latin tardif soient plus simples.
À titre d'exemple : en licence on a travaillé ET sur Virgile ET sur un commentaire de Servius du IVe siècle (pour vous donner une idée, Servius c'est un peu le "profile d'une oeuvre" ou autre "bac en poche" de Virgile). C'est parfois amusant, plein d'anecdotes drôlatiques, et surtout, c'est dans une langue beaucoup, beaucoup plus simple. Ca fait prendre conscience aux étudiants qu'ils parlent mieux latin qu'ils ne le croient.
De même, les candidats au concours des Chartres doivent se taper le Gaffiot par coeur (pas de dictionnaire à l'épreuve de version latine)
C'est vrai que ca fait peur, j'en eusse été incapable. D'un autre côté, comme je l'ai dit plus haut : les capitulaires de Charlemagnes sont en latin, et elles n'existent PAS chez Budé (tout ce qui est écrit en latin n'est pas encore traduit - bien au contraire). Les candidats aux DESS de traducteurs d'entreprise n'ont pas le droit non plus au dico que je sache.
OK c'est vrai que Les Chartes pourraient faire quelques efforts, au moins pour l'option "non médiévale". Ca exclut beaucoup de lycéen des prépas Chartes.
Pourtant, il y a eu bien des tentatives de rendre l'étude du latin plus attrayante (cf les textes de Montaigne sur l'éducation, et en particulier, sur la façon dont on lui a enseigné le latin), publication du *de viris*, etc... La rédaction en grec ou en latin me semble déjà plus intéressante. Et pourquoi ne pas jouer des pièces en grec? etc...
Pour tout le monde : le "de viris" (de son nom complet De Viris Illustribus Urbis Romae" les hommes illustres de la Ville de Rome) est un ouvrage écrit en latin par l'Abbé Lhomond, professeur de sixième (à l'époque on disait "régent") du XVIIIe siècle, racontant de manière pompeuse et édulcorée la vie des grands hommes, dans un latin tout facile pour débutant. Et qui est devenu un classique, bien qu'il ne fût pas d'époque romaine. Récemment republié chez Babel.
Moi aussi j'en suis fan !
Je trouve quand même amusant que comme méthode éducative "innonvante", tu parles de ce vieux coucou bicentenaire, écrit à une époque et pour un système scolaire qui étaient singulièrement "sclérosés" !
Pour ce qui est du théâtre en grec : ça se fait à Epidaure tous les ans, on rejoue du Sophocle en grec ancien. Sauf que ce sont des acteurs professionnels et spécialement entraîné.
Il faudrait déjà que l'on prononçât le grec un peu mieux (voir plus haut)
Quant aux rédactions en latin... Foro quidem, Aemilia mea, an quis vere possit, latine loqui vel scribere simillime ac Romani Majores. Illa lingua enim mortua est, quamvis nondum eam docemus nonnullos discipulos. Quorum magistri ullum verbum difficilime dicere possint. Quod si faciebamus quae proposui, Universitate rogante, quod dicemus ? Vel quomodo poterimus res quasdam, quae Romani iidem non cognoverint loqui ?
J'arrête là je suis déjà sinon je vais y passer la nuit et c'est sûrement bourré de solécismes. Non, sérieusement, les rédac' en latin je n'y crois guère.
Certes, bien des choses seraient modifiables dans l'enseignement du latin, surtout dans le supérieur. Le thème, par exemple, qui même à l'agreg tient souvent du "thème devinette" plus qu'autre chose (l'année dernière, à l'agreg de grammaire, il fallait traduire "enfoncé plus qu'à demi dans l'obscur infini du monde". Essayez un peu, même en anglais ou en allemand moderne !
Mais entre nous, entre anciens khâgneux et (j'imagine) futurs profs, je ne crois pas beaucoup aux révolutions pédagogiques dans ce domaine. Enlever la poussière, OK. Chasser quelques araignées, d'accord. Mais ce n'est pas en la repeignant en rouge vif que l'on fait d'une traction Citroën la dernière Ferrari. On aime les tractions que si l'on aime les vieilles voitures, et il faut les accepter comme telles.
(Mes métaphores sont assez nulles ce soir - enfin matin, je fais ce que je peux)